Arts Po : Ubi Sunt ? cover logo
RSS Feed Apple Podcasts Overcast Castro Pocket Casts
French
Non-explicit
artspo-livresaudio.store
4:11

It looks like this podcast has ended some time ago. This means that no new episodes have been added some time ago. If you're the host of this podcast, you can check whether your RSS file is reachable for podcast clients.

Arts Po : Ubi Sunt ?

by François LOZET

Livres-audio contemporains. Collection dirigée par François Lozet. Des classiques mis en scène. Des univers sonores et musicaux conçus autour des textes. Pour mieux entendre. Avec les comédiens et les musiciens de Harpo, ce sont plus seulement des livres lus, mais des textes mis en scène par le son et la musique.

Copyright: © Harpo - ArtsPo Editions

Episodes

Sénèque, De la vie brève, chapitre 20 (& fin)

5m · Published 21 May 07:00
La condition de tous les gens affairés est malheureuseEt plus malheureuse encore celle de ceux qui travaillentaux occupations d’un autreDormant au sommeil d’un autreMarchant au pas d’un autreAimerDétesterLes plus libres des affectionsSont pour eux des obéissances S’ils veulent savoir ceux-là combien leur vie est courteQu’ils pensent à la portion d’existence qui leur revientVous pouvez les avoir souvent vus revêtus de la robe des maîtresVu leur nom célébré sur le forumN’en soyez pas jalouxIls ont damné leur vie pour celaPour la satisfaction d’attacher leur nom à une annéeIls auront usé toutes les autres Quelques uns brûlants d’ambition y laissent dès les premières luttesTout leur tempsD’autresQui sont parvenus à force d’indignitésAux plus grands honneurs sont saisis de la misérable pensée qu’ils n’ont travailléQue pour un titre sur une tombeEt puis il y a un tel vieux décrépitPris de nouveaux espoirs qui ne conviennent qu’à la jeunesseQui succombe de faiblesseAu milieu de grands et d’improbables efforts Honteux ce vieillard quiDans d’obscurs plaidoyersLâche son dernier souffleDevant un auditoire ignorant dont il mendiait l’admiration Honte à celui quiLassé de vivre plutôt que de travaillerS’effondre au milieu de son métier Honte à quiEn pleine agonieS’obstine à surveiller ses comptesEt devient la risée d’un héritier qu’il a longtemps fait attendre Je ne peux taire ici un exemple qui se présente à mon esprit:Turannius était un vieillard actif et diligentA 90 ans passés ayant reçu de CaligulaSans la demanderSa mise à la retraiteIl se mit au litEt voulut que sa famille l’entourâtEt le pleurâtComme s’il était mortEt tous ses gens s’affligeaient pour le vieux maître condamné au reposEt les lamentations ne cessèrent que lorsqu’il fut rendu à ses fonctionsEst-il donc si doux de mourir occupé ? Nous sommes presque tous faits pareilsLa passion du travail survit au pouvoir de travaillerOn lutte contre la faiblesse du corpset la vieillesse ne parait fâcheuse que parce qu’elle éloigne des affairesLa loi dispense à 50 ans de porter les armesà 60 ans de siéger au SénatEh bien les hommes ont plus de peine à obtenir le repos d’eux-mêmes que de la loi Et tandis qu’ils sont entraînés et entraînent les autresQu’ils s’arrachent au calme les uns les autresQu’ils se rendent mutuellement malheureuxLa vie passe sans fruitSans plaisirSans aucun profit pour l’âme Pas un ne met la mort en perspectivePas un qui ne porte au loin ses espérancesQuelques-uns même règlentPour le temps où ils ne seront plusLa construction de vastes tombeauxLes monuments publics à dédicacer à leur nomTout l’attirail d’orgueil enfin de magnifiques obsèquesLorsqueLeurs funérailles devraient se tenir comme s’ils avaient très peu vécuEt se faire à la maigre lueurdes torcheset de ces chandelles qu’on destine aux enfants

Sénèque, De la vie brève, chapitre 19

2m · Published 14 May 07:00
Cherchez donc un refuge dans des occupationsplus tranquillesplus sûresplus hautes. Vos soins à ce que les arrivages du blé s’effectuent sans fraude ni négligencePour qu’il soit soigneusement emmagasiné dans les greniersde peur qu’il tourne et se gâte par l’humiditéPour que la mesure et le poids s’y retrouventPensez-vous que ces soins puissent être comparés à ces études sublimes et sacrées qui vous vont vous révéler la nature des dieuxleurs plaisirsleur conditionleur formeQui vous feront connaître le sort qui attend notre âmeEt le lieu où nous placera la nature une fois démunis de notre corpsEt quelle puissance soutient au milieu de l’espaceles éléments les plus lourdsSuspend au-dessus les plus légersEt vient placer le feu au sommet de la sphèreLançant les étoiles sur leur cheminProduisant tellement de phénomènes emplis de merveilles? Voulez-vous vous élever en esprit jusque là?Maintenant votre sang est encore chaudEt vous êtes dans la force de l’âgedirigez-vous vers ces objets dignes de votre préférence. Ce qui vous attend dans ce genre de vieCe sont de des sciences diverses et généreusesL’amour et la pratique de la vertul’oubli des passionsl’art de vivre et de mourirle calme inaltérableDes grandes choses

Sénèque, De la vie brève, chapitre 18

4m · Published 07 May 07:00
Ecartez-vous donc de la fouleTrès cher Paulinuset après que vous avez été lancé dans l’espace de votre vieQu’un port plus tranquille vous recueille enfin Songez à combien de fois vous avez bravé les flotsCombien vous avez supporté de tempêtes privéesOu quand elles étaient publiques combien de tourmentes vous avez pris sur vousVotre vertu s’est suffisamment montrée dans le travail et l’anxiétéFaites l’expérience de ce qu’elle peut faire dans le reposEt si la plus grande et meilleure part de vos jours a été consacrée aux choses publiquesGardez-en aussi un peu pour vous Ce n’est pas vous inviter à un repos fait d’inertie ou de négligenceCe n’est ni dans le sommeilni dans les plaisirs adorés de la foule que je veux plongerCe qu’il y a en vous de vivacité d’âmeVous n’allez pas vous reposerVous allez trouver des affaires plus grandes encoreque tout ce que vous avez eu à faire jusque iciEt qui seront à traiter loin des tracas et des soucis Vous administrez les revenus de l’universavec le désintéressement qu’exigent les revenus d’autruiEt avec autant de zèle que si c’étaient les vôtresAussi religieusement que si c’étaient ceux de l’EtatVous savez attirer l’affectiondans une position où il est difficile d’éviter la rancœurEt pourtantCroyez-moimieux vaut s’occuper à régler les comptes de sa vieque ceux des comptes publics Cette force d’espritcapable des plus grandes chosesCessez de la consacrer à un ministèrehonorable sans doutemais peu apte à rendre une vie heureuse(appliquez-la désormais à vous-même)Et songez que si vous vous êtes dévoué assidûmentdepuis l’enfanceA de nobles étudesCe n’était pas pour devenir le gardien fidèleDe plusieurs milliers de mesures de bléVous promettiez de plus grandes et de plus hautes espérances On ne manque pas d’hommes qui joignentau goût du travail une intégrité scrupuleuseParce qu’elle est lente la bête de somme est plus à mêmede porter un fardeau que des chevaux de raceQui oserait ralentir une vive et généreuse allure sous une lourde charge? Imaginez en plus combien de soins entraîne cette responsabilitéC’est à l’estomac de l’homme que vous avez à faireUn peuple affamé n’entend pas raisonEt l’équité ne saurait ni le calmerni les prières le fléchir Il y a peuDans les quelques jours qui suivirent immédiatement la mort du César CaligulaEt si jamais on puisse conserver aux Enfers un sentimentCombien il devait regretter de laisser le peuple romain lui survivreIl ne restait de subsistances que pour 7 ou 8 joursEt tandis qu’il construisait des ponts en assemblant des naviresEt qu’il se faisait un jouet des puissances de l’EmpireNous étions proches de subir le dernier des malheursLe même que pour des assiégésLa famineLa famine et la ruine de toutes chosesQui en est la conséquence Voilà ce que coûtaitCette imitation malheureuse et superbeD’un roi fou et étranger Dans quelle situation d’esprit durent être les magistrats chargés des approvisionnements publics!Menacés par le fer des pierres ou du feuPar Caligula mêmeIls prirent grand soin de dissimuler le mal qui couvait C’était agir sagementIl y a des malades qu’il faut soigner en les tenant dans l’ignorance de leur malBeaucoup sont morts de l’avoir connu

Sénèque, De la vie brève, chapitre 17

4m · Published 30 Apr 07:00
Leurs plaisirs mêmes sont anxieuxLes gens affairés sont remplis de mille appréhensionsEt au milieu de leur joie surgit chaque fois cette pensée inopportune:Combien de temps cela va-t-il durer?Maigre réflexion qui a souvent fait gémir sur leur puissance les roismoins enchantés par leur grandeur présentequ’épouvantés par l’idée de la perdre un jour Lorsque dans des plaines immenses il déployait son arméeSi nombreuse que ne pouvant en faire le compteil la mesurait par l’étendue du terrain qu’elle couvraitL’orgueilleux Roi des Perses fondit en larmesen songeant que de tant de milliers d’hommes à la fleur de l’âgeaucun n’existerait plus dans cent ansMais lui Xerxèsqui les pleurait ainsices mêmes hommesil allait dans un temps très court les faire tuerSoit sur terre soit sur merOu dans le combat ou dans la fuiteEt détruire tant d’existences pour lesquelles il redoutait la centième année Pourquoi leurs joies mêmes sont-elles si inquiètes?C’est qu’elles ne reposent pas sur des bases solidesEt la même légèreté qui les a fait naîtreles désorienteQue doivent être les moments malheureux de leur vieComme ils les appellent eux-mêmesSi ceux dont ils sont si fiers et qui paraissent les élever au-dessus des autressont si emmêlés ? Les meilleures choses n’épargnent pas les soins qu’on leur donneEt la chance la plus grande est celle à qui l’on doit moins se fierLe bonheur pour s’affermir a besoin du bonheurEt pour les vœux exaucés il faut faire d’autres vœuxTout ce que le hasard vous donne est peu stablePlus il vous élèvePlus haut il vous pend Personne n’aime ce qui peut tomberAussi est-elle non seulement très courtemais aussi très malheureusela vie de ceux qui se procurent à grande peinece qu’ils ne peuvent conserver qu’avec des peinesplus grandes encoreIls obtiennent difficilement ce qu’ils désirentEt possèdent avec inquiétude ce qu’ils ont obtenu En attendantA ne tenir plus aucun compte d’un temps qui ne reviendra plusA d’anciennes activités ils en substituent de nouvellesUne espérance accomplie en demande une autreEt l’ambition appelle l’ambitionOn ne cherche pas la fin de ses peinesOn en change seulement l’objetS’est-on obsédé de parvenir aux honneursOn perd plus de temps encore aux fins d’y faire arriver les autres CandidatsUne fois parvenus à la fin de nos menéesNous commençons à quémander pour un autreAvons-nous déposé la fâcheuse fonction d’AccusateurNous aspirons à celle de JugeA-t-on cessé d’être JugeOn cherche la QuestureA-t-on vieilli à gérer en mercenaire la richesse d’un autreMaintenant gérer la sienne absorbe tout entier Marius abandonne-t-il le costume de soldat?C’est pour devenir ConsulQuintius veut-il vite se défaire de la charge de dictateur?On l’arrache bien vite à ses charrues et à ses champsScipion marche contre les CarthaginoisTrop jeune pour une si grande actionVainqueur d’HannibalVainqueur d’AntiochosIl brille durant son ConsulatIl assure celui de son frèreOn l’aurait placé aux côtés de JupiterS’il ne s’en était défenduPlus tard des factieux ne l’en poursuivront pas moinsEt celui dont les jours de jeunesse avaient été tellement honorésSe contentera de mettre dans l’exil à vie l’ambition de ses vieux jours Jamais ne vous manquerontdans le bonheur ou dans l’infortuneLes soins et les soucisEt cet affairement vous interdiraLe repos toujours désiréEt jamais obtenu

Sénèque, De la vie brève, chapitre 16

2m · Published 23 Apr 07:00
Mais combien courte et inquiète est la vie de ceux qui oublient le passéNégligent le présentEt craignent l’avenirAu moment ultime les malheureux comprennentTrop tardCombien ils ont été longtemps occupés à ne rien faireEt n’allez pas conclure que leur vie soit longueDe ce qu’ils invoquent parfois lamortLa folie les agite de passions désordonnéesqui les précipitent précisément vers ce qu’ils craignentAussi ne désirent-ils souvent la mort que parce qu’ils en ont peur Et ne regardez pas non plusPour preuve qu’ils vivent longtempsQue le jour souvent leur paraît longEt qu’en attendant le moment fixé pour le souperils se plaignent de la lenteurdes heurescar si par hasard leurs activités les délaissentilssont accablés du temps libre qu’elles leurs donnent Ils ne savent ni en faire usageNi comment s’en déchargerAussi se cherchent-ils une occupation quelconqueet dans l’intervalle toute durée leur pèseCela est si vrai que si un jour a été annoncé pour un combat de gladiateursou si la date de tout autre spectacle ou de divertissement est attendueIls voudraient sauter tous les jours intermédiairesDès qu’il attendent tout délai est trop longMais le moment après lequel ils soupirent est court et fugitifet leur amour le rend plus bref encored’un objet ils passent déjà à un autreIls ne peuvent se fixer en un seul désirPour eux les journées ne sont pas longues mais détestablesEt au contraire combien les nuits leur paraissent courtesQue leurs orgiesrapetissentEt leurs orgies beaucoup trop éphémères Aussi les poètesdont la folie attise avec des inventions les divagations des hommesOnt-ils imaginé un JupiterIvre des délices d’une nuit adultèreEn doubler la durée N’est-ce pas enflammer nos défauts que de les attribuer aux DieuxEt de donner pour excuse à nos désirs l’exemple des excès des Dieux ?Pourraient-elles ne pas leur paraître courtes ces nuits que ces dissolus achètent si cher? Ils perdent le jour dans l’attente de la nuitet la nuit dans la crainte du jour

Sénèque, De la vie brève, chapitre 15

2m · Published 16 Apr 07:00
Vous retirerez d’eux tout ce que vous voudrezIl ne tiendra pas à eux queplus vous aurez puisé à cette source abondanteplus vous y puisez de nouveauQuelle joieQuelle vieillessesereine est réservée à celui qui s’est mis sous leur patronageCar il aura des amis avec lesquels il pourra juger des plus grandesComme des plus petites affairesRecevoir tous les jours des conseilsEntendre la vérité sans offenseL’éloge sans flatterieIl pourra les prendre pour modèles On dit souvent qu’il n’a été donné à personne de choisir ses parentsLe sort seul nous les donneIl y a pourtant une naissance qui dépend de nousIl existe des familles d’illustres géniesA laquelle voudrez-vous appartenir? Vous y serez adoptéEt non seulement son nom mais ses richesses seront les vôtresEt pour les conserverNi avariceNi sordides économies nécessairesElles augmenteront d’autant plus que vous en ferez part à plus de monde Ces grands hommes vous ouvriront la voie de l’éternitéEt vous élèveront à une hauteur d’où personne ne saura vous faire retomberTel est l’unique moyen de prolonger une vie mortelleEt plusDe l’échanger contre une immortelleHonneursMonumentsTout ce que l’ambition obtient par décretsOu qui se construit de ses propres mainss’écroule bien viteLe temps ruine toutEt renverse en un momentce que lui-même a consacré Or la sagesse est à l’abri de ses atteintesAucun siècle ne pourrani l’abolirni la diminuerL’âge suivant etpar contiguïtétous les âges qui viendrontAjouteront à la vénération qu’elle inspireCar si la jalousie s’attache aux choses voisinesOn admire plus volontiers celles qui sont éloignées Ainsi s’allonge la vie pour le sageElle ne se cantonne pas aux limites imposées au reste des hommes A lui seulAffranchi des lois du genre humainTous les siècles sont soumisComme à un Dieu Il est maître par le souvenirDu temps passéLe présentIl sait en jouirEt l’avenirIl le possède d’avance Sa vie est longue car en un point du tempsIl concentre tous les temps

Sénèque, De la vie brève, chapitre 14

4m · Published 09 Apr 07:00
Seuls profitent du repos ceux qui se consacrent à l’étude de la sagesseSeuls ils viventCar non seulement ils profitent de leur part d’existenceMais ils y ajoutent tout l’ensemble des âgesToutes les années qui ont précédé leur premier jour leur sont acquisesA moins d’être particulièrement ingratsles célèbres fondateurs de ces écoles sublimes sont nés pour nousIls nous ont défriché la vieCes admirables connaissances qu’ils ont tirées des ténèbreset mises à jourC’est par leurs travaux que nous y sommes initiésAucun siècle ne nous est interditTous nous sont ouvertsEt si notre esprit par sa grandeur nous porte à nous affranchir des limites de la faiblesse humaineNous pouvons parcourir les vastes horizons du temps Je peux discuter avec SocrateÊtre sceptique avec CarnéadeJouir du repos avec ÉpicureAvec les Stoïciens vaincre la nature humaineAvec les Cyniques dépasser son importanceMarcher enfin d’un pas égal avec la Nature elle-mêmeEtre contemporain de tous les sièclesPourquoide cet intervalle de temps si courtSi incertainNe m’élancerais-je pas vers ces espaces immensesEternelsOù retrouver les meilleurs des sages? Les insensés quiSans cesse en démarchesA rendre d’inutiles devoirsSe privant de reposEt en en privant les autresEt qui se seront livrés tout à leur aise à leur manieauront été frapper chaque jour à toutes les portesn’auront oublié aucune de celles qu’ils auront trouvées ouvertescolportantdans toutes les maisons leurs hommages intéressésDans cette ville immense et agitée de tant d’intérêts différents Combien de personnes auront-ils pu voir finalementCombien de hauts personnages dont le sommeil les débauches ou la dureté les auront éconduits? CombienAprès l’ennui d’une longue attenteLeur échapperont en feignant une affaire pressante?Combien d’autresévitant de paraître dans le vestibule rempli de clientsS’échapperont par quelque issue secrèteComme s’il n’était pas plus malhonnête de s’esquiver que de refuser sa porte Combien à demi endormisLa tête encore lourde des excès de la veilleCombien entrouvriront à peine les lèvres pour balbutierDans un bâillement dédaigneuxCe nom que leur esclave leur souffla mille fois à l’oreilleCelui de ces malchanceux qui ont hâté leur réveilPour venir attendre le réveil des autres Mais ceux qui tous les jours ontavec les Zénonles Pythagoreles Démocriteles Aristoteles Théophrasteet tant d’autres précepteurs de la morale et de la scienceDes relations familièresintimesCeux-là nous pouvons le dire s’attachent à leurs véritables devoirs Aucun de ces sages ne refuse de les recevoirAucun ne renvoie ceux qui sont venus à luiPlus heureux et plus affectionnés à sa personneAucun ne souffre que vous sortiez de sa compagnie les mains videsLeur porte est ouverte à tousNuit et jour Aucun d’entre eux ne vous forcera à mourirTous vous en apprendront le secretAucun ne vous fera perdre des annéesChacun y ajoutera les siennes Nul ne vous compromettra par ses discoursEt aucun dont l’amitié vous mettra en dangerAucun ne vous fera payer cher sa faveur

Sénèque, De la vie brève, chapitre 13

6m · Published 02 Apr 07:00
Il serait trop long de parler de ceux qui ont passé toute leur vie à jouer aux échecsOu à la peloteou à exposer leur corps aux ardeurs d’un soleil cuisantCeux-ci ne sont pas non plus des oisifsà qui les plaisirs donnent beaucoup de travail Quant à ceux qui se plongent dans de vaines études littérairesPersonne ne doute qu’ils se donnent de la peine à faire rienLe nombre en devient assez grand chez nous les RomainsC’était déjà la maladie des Grecs que de chercher à savoir le nombre de rameurs d’UlysseOu si l’Iliade fut écrite avant l’OdysséeOu si ces deux poèmes étaient du même auteurEt d’autres questions de telleimportanceQuis’il faut les garder pour vous ne peuvent vous procurer aucune satisfactionEt que vous ne sauriez communiquer aux autres sans paraîtreNon pas plus savantMais plus ennuyeux Ainsi voilà les Romains possédés de l’étrange manie d’acquérir des connaissances inutiles! Ces jours derniersJ’ai entendu un certain philosophe disserter sur ce que chacun des généraux romains avait fait le premierle premier Cæso Duillius avait vaincu sur meretle premierManius Curius Dentatus avait montré des éléphants à son triomphe Encore que ces connaissances ne mènent pas à une vraie gloireAu moins tendent-elles à nous faire connaître par des exemples les exploits de nos concitoyensS’il n’y a pas de véritable utilité dans ce savoiril y a néanmoinsEn dépit de sa futilitéToujours des choses à tirer d’un sujet vide Apprenons à ceux qui aiment ces sortes de recherches quel fut le premier qui engagea les Romains à monter sur un vaisseauCe fut Claudiussurnommé pour cette raison CaudexNom que les anciens donnaient à un assemblage de plusieurs planchesEn sorte que les tables publiques où sont inscrites nos lois ont été appelées codesEt que de nos jours encoreLes bateaux quidepuis toujours apportent à Rome sa nourriture par le Tibres’appellent caudicaires Il est sans doute bien important de savoir que Marcus Valerius Corvinus s’empara le premier de la ville de MessinaEt qu’il fut le premier de la maison desValerequiempruntant son nom d’une ville prisefut appelé Messinapuis vulgairement MessalaAu moyen d’un échange de lettres Il est permis aussi de chercher à savoir queSyllaDe la maison des Corneliiprésenta le premierAu cirqueDes lions en liberté tandis qu’auparavant ils étaient attachéset que le roi Bocchus de Maurétanie envoya des archers pour les tuerD’accord ! Passons encore sur cela Mais que Pompée ait donné le premier au peuple un combatDe dix-huit éléphants contre des malfaiteursQuel mérite peut-on tirer de cette connaissance-là ?Le premier citoyen de RomeLe même que la renommée nous a dépeint comme un modèle de bonté parmi nos illustres aïeuxA cru donner un spectaclemémorableen inventant un moyen inédit de faire périr les hommesQu’ils se battentC’est peuQu’ils soient criblés de coupsCe n’était pas encore assezIl fallait en outre qu’ils périssent écrasés sous l’énorme massedes éléphants Mieux valait laisser de pareilles actions dans l’oubliPour empêcher que quelqu’un de puissant ne les connût par la suiteet n’enchérît en conséquence sur des actes que l’humanité réprouveO quelles épaisses ténèbres un grand renomrépand-il dans l’esprit des mortels !Pompée se croyait-il au-dessus de la NatureLorsqu’il exposait tant de malheureux à la fureur de bêtes féroces nées sous un autre cielLorsqu’ilmettait aux prises des adversaires aux forces si disproportionnéesEt qu’il versait des flots de sang sous les yeux du peuple romainqu’il devait forcer bientôt à en répandre davantagePlus tardCe même hommeVictime d’une horrible trahison de la part des gens d’AlexandrieAlla présenter son cou à l’épée du dernier de ses esclavesEt comprit alors sans doute le vain étalage de sa renommée Pour revenir au sujet dont je me suis écartéJe vais exposer encore les inutiles efforts de quelques uns sur des sujets diversLe même savant racontait que MetellusA...

Sénèque, De la vie brève, chapitre 12

7m · Published 26 Mar 08:00
Vous me demanderez peut-êtreQuels sont ces hommes que j’appelle affairés ?Ne croyez pas que je donne ce nom seulement à ceux qui ne sortent des tribunaux que lorsque les chiens viennent les en chasserNi à ceux que vous voyez étouffés par la multitude de leurs courtisansOu refoulés avec mépris par les courtisans des autresNi à ceux que d’obséquieux devoirs extirpent de chez eux pour aller se presser à la porte des grandsNi à ceux à qui le prêteur octroie une somme honteuseEt qui sera pour eux un jour ou l’autre une vraie gangrène Non: il est des hommes pour qui le loisir même est affairéA la campagneDans leur litAu milieu de la solitudeAussi éloignés soient-ils du reste des hommesIls sont insupportables à eux-mêmesLa vie de ces gens-là ne peut pas être appelée une vie oisiveElle leur est une activité (comment dirais-je)laborieusement désœuvrée Diriez-vous qu’ils ne font rien l’amateur qui avec minutieS’occupe à ranger symétriquement des vases de Corinthe que la manie de quelques curieux a rendus précieux?Ou celui qui passe la plus grande partie de son temps à polir d’une laine de vieux métaux rouillés?Ou(parce qu’il faut avouer que les dépravations graveleuses qui nous travaillent ne sont plus uniquement romaines)Celui qui va au gymnase pour contempler de jeunes combattantsDans les coulisses où ils s’enduisent et se frottent d’huiles ?Et celui qui s’amuse à assortir en fonction de l’âge ou de la couleurles champions accoutumés à la victoire ?Ou celui qui (ostensiblement) se charge de nourrir l’appétit des athlètes les plus célèbres? Diriez-vous livrés au repos ceux qui passent tant d’heures chez un barbier pour se faire arracher le moindre poil qui leur sera poussé pendant la nuitPour prendre conseil sur chaque cheveuPour qu’on relève leur mèche déplacéeet qu’on ramène également de chaque côté du front leurs cheveux clairsemés?Comme ils se mettent en colèresi le barbierCroyant avoir affaire à des hommesMet à les raser un peu de négligenceComme ils rentrent en fureur s’il leur a coupé le poil d’un peu trop prèsSi quelques cheveux dépassent des autresSi tous ne tombent pas en boucles bien égalesEst-il un seul d’entre eux qui ne préfère pas voir sa patrie en désordre plus que sa coiffure?Qui ne soit plus inquiet des coquetteries de sa tête que de sa santé?Qui ne préfère pas être bien coiffé plus qu’honnête homme?Appelleriez-vous oisifs ces hommes toujours occupés entre le peigne et le miroir? Et que sont donc ceux qui ont l’esprit sans cesse tendu à composerEntendre et réciter des chansonsEt quiForçant leur voix formée par la nature à rendre facilement des sons simplesLui font exécuter les modulations affectées d’une mélodie langoureuse?Leurs doigts battent sans cesse la mesure du chant quelconque qu’ils ont dans la têteet au milieu même d’affaires sérieusesdans des circonstances tristesIls font entendre unléger fredonnement? Ces gens-là ne sont pas oisifsmais inutilement occupés Et certes je ne regarderai pas leurs festins comme des moments de détenteQuand je vois avec quel soin ils rangent leur vaisselleQuelle importance ils mettent à ce que les tuniques de leurs serviteurs soient portées avec grâceCombien ils sont inquiets de la manière dont un sanglier sort des mains du cuisinierAvec quel art la volaille est découpée en petits morceauxAvec quel empressement leurs esclaves épilés saventAu signal donnéS’acquitter de leurs taches diversesAvec quel soin les malheureux font disparaître les traces de salives des convivesCar c’est ainsi qu’on se fait une réputation:Munificence et délicatesse Les travers de ces gens les accompagnent si constammentA tous les moments de leur viequ’ils mettentune vanité ambitieusey compris dansLa nourriture et la boisson Vous ne compterez sans doute pasParmi les oisifsCes hommes apathiques et mous qui se font promener ça et làEn chaise à porteurs et en litièreEt quiSont toujours très ponctuelsA se faire porter ainsicomme si l...

Sénèque, De la vie brève, chapitre 11

2m · Published 19 Mar 08:00
Voulez-vous savoir combien leur vie est courte?Voyez combien ils désirent la prolongerDes vieillards décrépits demandent les mains jointes quelques années de plusEt se font plus jeunes qu’ils ne sontet se berçant de ce mensongeIls le soutiennent aussi hardiment que s’ils pouvaient tromper le destin Mais si quelque infirmité vient leur rappeler leur condition mortelleIls meurent remplis d’effroiIls ne sortent pas de la vieIls en sont arrachésIls s’écrient qu’ils ont été insensés de n’avoir pas vécuQue si seulement ils réchappent de leur maladieComme ils vivront dans le repos!Et reconnaissant la vanité de leurs efforts pour se procurerDes propriétés dont ils ne pourront pas jouirIls voient en conséquence combienTous leurs travaux ont été inutileset stériles Mais pour celui qui l’a passée loin de toute négoce combien la vie n’est-elle pas longueRien n’en est sacrifiéNi donné à l’un ou à l’autreRien n’en est livré au hasardPerdu par négligenceRetranché par gaspillageRien n’en demeure superfluTous ses moments sontpour ainsi direPlacés avec intérêtsAussi courte qu’elle est elle est plus que suffisanteet alors Lorsque le dernier jour arrive le sage n’hésite pas à aller vers la mortSans aucun regret

Arts Po : Ubi Sunt ? has 10 episodes in total of non- explicit content. Total playtime is 41:55. The language of the podcast is French. This podcast has been added on July 28th 2022. It might contain more episodes than the ones shown here. It was last updated on September 29th, 2023 20:35.

Every Podcast » Podcasts » Arts Po : Ubi Sunt ?