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100 % création

by RFI

Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100% création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53,6h52 et 12h54 TUvers toutes cibles. (Heure de Paris = TU + 2 en été).

Copyright: France Médias Monde

Episodes

Les tissus africains au cœur de Dakantigui Couture de Fabrice Houedj

4m · Published 28 Oct 22:04

Aujourd’hui, 100% Création sera consacrée aux tissus africains au cœur des collections de Fabrice Houedji de Dakantigui Couture. Ce jeune créateur de mode togolais exerce sa passion au Mali. Fasciné par l’histoire et le savoir-faire des textiles africains, Fabrice Houedji, à travers ses collections, aime à faire connaître toute la diversité de ces textiles. Il conçoit du sur-mesure comme du prêt-à-porter, ses pièces sont masculines, mais inspirées par des coupes féminines.

Bogolan, kente, coton tissé Faso Dan Fani, il veut les mettre en avant afin de le rendre plus visiblepour une autre mode africaine. Une manière aussi de célébrer les savoir-faire des artisans du passé qui servent de référence aux collections du présent et de l’avenir, selon Fabrice Houedji de Dakantigui Couture. Nous l’avons rencontré lors du TogocomFIMO228 à Lomé.

La création, cela m’arrive tout le temps, même en cours de chemin, quand je réfléchis « qu’est-ce que je peux faire ? » Ou bien quand je vois quelque chose, cela me donne de l’inspiration. En bref, l’environnement dans lequel je suis me permet d’avoir une idée sur ce que je vais faire.

 Fabrice Houedji, styliste et fondateur de Dakantigui Couture.

« En pays Bambara, “dakan” cela veut dire destin et “tigui” veut dire maître, donc, j’aimerais être le maître de mon destin, ce qui m’a poussé à donner le nom de Dakantigui Couture. J’aimerais aussi inviter d’autres jeunes, comme moi, à devenir maîtres de leurs vies, à devenir maîtres de leurs destins. Ne pas attendre, toujours, de l’extérieur, pour pouvoir se battre dans la vie. »

Fabrice Houedji est né et a grandi au Togo, mais c’est aussi un Malien de cœur. Après avoir poursuivi ses études supérieures au Mali, ce comptable de formation, sans-emploi, mais grand amoureux depuis son enfance de la mode, saisit l’occasion d’une formation dans ce secteur. Il lance sa marqueDakantigui Couture en 2021 à la fin de cet apprentissage, qu’il a suivi grâce à une association qui valorise la production made in Mali. Fabrice Houedji ne travaille pas le wax, mais les tissus africains.

« Nous avons grandi dans le wax, mais pour moi, le wax pousse beaucoup de personnes à oublier l’origine de nos textiles. Ici, beaucoup de personnes oublient totalement les pagnes tissés grâce au wax. Je vois que grâce au wax, tous les textiles africains sont abandonnés. C’est la raison pour laquelle, pour pouvoir aller en avant, moi, je mise sur les textiles africains où l’Africain porte fièrement le bogolan, le pagne indigo, le pagne tissé du Burkina Faso, le Faso Dan Fani et puis est à l’aise dedans. En le portant, tu peux, aussi, le mélanger avec du wax et puis cela te donne quelque chose d’original. Mais moi, personnellement, je ne travaille pas les tissus importés, je travaille juste les tissus locaux. »

« J’ai un faible pour les textiles africains, donc, je me suis focalisé aussi sur le design textile. Pour la teinture, je travaille avec les artisans. En mon absence, ils ne font pas ma teinture, je fais tout à la fois. Je veux maîtriser la chaîne de production, donc nous le faisons ensemble. J’amène mon idée et l’autre artisan amène son idée. Nous arrivons à travailler ensemble pour avoir quelque chose d’original, parce que l’idée d’une seule personne, cela ne donne pas quelque chose de beau, de métissé. Ensemble, cela donne quelque chose qui va plaire au public. »

Fabrice Houedji milite pour une montée en compétences dans le secteur de la mode en Afrique afin de préserver et développer le savoir-faire des textiles africains.

« L’indigo, c’est du savoir-faire. Cela ne s’apprend pas du jour au lendemain. Par exemple, pour pouvoir faire de l’indigo, il faut suivre un long processus. Il faut attendre que le produit soit fermenté. Il y a deux jours ensuite pour pouvoir le faire. Mais s’il n’y a pas une formation solide, la jeunesse ne peut même pas faire de l’indigo. Nous allons oublier l’indigo, nous allons oublier le tissage du Faso Dan Fani. La jeunesse tend vers une occidentalisation et oublie la production des textiles africains. C’est un danger pour le textile africain parce que nous sommes en train d’oublier le savoir-faire. Tout ce qui va se produire sur la génération future, nous en sommes la cause et il faut une personne pour pouvoir dire non et remettre les choses en place. C’est ce que j’ai envie de faire. »

« Le point de départ, c’est la professionnalisation du métier. Avoir un métier, créer quelque chose, apporter un plus à l’économie de la nation, c’est tout ce qui m’a poussé à la mode. Ce n’est pas pour passer à la télé, mais créer quelque chose et laisser une marque après moi. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas mis mon nom sur la marque parce que dans ma tête, je veux être aussi ce Louis Vuitton africain et que Dakantigui Couture existe après ma disparition. »  

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Le bijou sous toutes ses formes d’expression avec Andrea Piñeros

4m · Published 22 Oct 05:07

Aujourd’hui, le bijou sous toutes ses facettes avec Andrea Piñeros, créatrice de bijoux contemporains et co-organisatrice de la 4e édition de Parcours bijoux. Ce rendez-vous triennal accueille jusqu’à la fin du mois d’octobre plus de 200 artistes et 43 expositions dans les musées, galeries, écoles et boutiques. Parcours bijoux est dédié à la création contemporaine du bijou français et internationale.

Andrea Piñeros conçoit et fabrique ses bijoux dans son atelier parisien, en collections limitées ou pièces uniques. Technicité, réflexion, geste, intention, vision et concrétisation d’un bijou au-delà de l’objet décoratif, tel est le fil rouge d’Andrea Piñeros pour son métier d’artisan d’art. Nous l’avons rencontrée à la Galerie Sophie…etc, une galerie parisienne qui participe à Parcours bijoux.

Dans le métier, la création c'est tout simplement le fait d'innover. Nous voulons toujours avoir du nouveau, nous nous ennuyons si nous faisons toujours la même chose. Je ne peux pas faire la même chose. Je ne peux pas travailler de la série. Cela m'ennuie profondément parce que mon âme créative, elle passe par-dessus.

 Andrea Piñeros, créatrice de bijoux contemporains, fondatrice de la marque éponyme et co-organisatrice de Parcours bijoux.

Dans ma vie, la création me permet d'être libre. C'est un contraste entre les contraintes que la vie impose, la vie humaine et administrative. Avec le bijou, j'ai un dialogue unique avec cette matière qui me permet de la liberté. Il ne me demande rien, le bijou. J'ai un dialogue avec lui unique. C'est un rapport personnel. Si à un moment donné, il y a une période très longue où je ne crée pas, cela me manque.

Andrea Piñeros est née à Bogotá en Colombie, dans une famille d’artisans à la fibre artistique, elle fait des études en design d’objet. Et comme elle aime porter des bijoux, à la fin de ses études elle suit un apprentissage afin d’en réaliser techniquement.

Andrea Piñeros arrive en France pour une année sabbatique puis passe son CAP en bijouterie et se spécialise en suivant une formation de bijou contemporain. Elle aime cette continuité du concept jusqu’à la fabrication. Andrea Piñeros conçoit des bijoux pour s’exprimer et toucher émotionnellement les autres par sa vision esthétique. Ses idées sont basées sur l’humain et la vie quotidienne.«Mon processus de création part d'une idée. D'abord, je vais être très liée à l'humain, à ce qui se passe, à ce que je ressens en tant qu'humain, dans les choses que je pense que nous partageons en tant qu'humain. Par exemple, une exposition organisée à laquelle j'ai participé aussi, avec comme thème "ailleurs"et pourquoi nous choisissons de nous expatrier? Pourquoi ce choix ? Pourquoi aller chercher ailleurs et qu'est-ce que nous trouvons dans cet ailleurs ?»

«Je développe des pièces sur cette thématique, j'arrive à trouver des symboles, je m'appuie sur des symboles formels que nous avons tous dans notre inconscient collectif pour exprimer les choses comme cela, au niveau de la couleur, au niveau des formes, au niveau des textures. Et quand j'explique une pièce, on peut comprendre comment cela se passe.»

Andrea Piñeros découvre le milieu associatif en France et cela l’inspire. Convaincue qu’à plusieurs la visibilité du bijou contemporain est plus grande, elle lance avec d’autres artistes, en 2011, Parcours bijoux, le festival parisien dédié aux bijoux contemporainsQuand on voit un bijou, une œuvre d'un artiste contemporain, cela peut être un peu triste de s'arrêter juste à ce que nous voyons, parce que derrière chaque œuvre, il y a de l'humain, il y a des recherches, il y a des intentions. Parcours Bijoux, pour moi, c'est une invitation à être curieux et ne pas s'arrêter seulement à ce que nous voyons. Ce qui est important, c'est ce que nous ne voyons pas.»

«Il faut savoir qu'à chaque fois que nous observons quelque chose, nous sollicitons un système, des codes et c'est nos codes qui permettent de lire les choses. Des fois, nous pouvons remettre en question ces codes pour se décaler, pour voir un petit peu plus loin de ce que nous voyons. Nous avons tous une intention pédagogique. Nous avons tous une envie d'expliquer ce qui se passe derrière l'objet, que ce soit l'artiste parce qu'il est présent ou que soit le galeriste, ses intentions sont très fortes au niveau de la communication. Sollicités, les artistes ou les galeristes qui sont là pour parler de l'objet, c'est une bonne démarche pour comprendre.»

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Métissage des cultures, l’inspiration de Aifa Bouchra pour Perla création

4m · Published 15 Oct 05:05

Des bijoux fait-main en France avec des perles d’eau douce de Bouchra Aïfa et Perla création. Ses bijoux racontent ses voyages en Indonésie, Oman; ils sont aussi en résonance avec ses rencontres, son histoire familiale. Bracelets, colliers, boucles d'oreilles ou bagues, principalement en or, argent ou plaqué-or, les bijoux sont faits pour tous les budgets afin de les porter au quotidien. Ils sont produits en série limitée ou sur mesure.

Pour Bouchra Aïfa, la création d’un bijou commence par la rencontre d’une perle, d’une pierre précieuse ou d’un artisan. Une histoire qu’elle aime à construire dans le partage pour rendre ses bijoux uniques.

J'ai toujours aimé les pièces uniques. Chaque personne a un bijou qui est sa propre création.

 Bouchra Aïfa, créatrice et fondatrice de Perla création

«C'est la perle et la création. Pour moi, la perle représente aussi la femme. La femme unique, quelque chose de rare, quelque chose de précieux. C'est pour cela que j'ai choisi ce nom Perla et création, parce qu'à chaque fois je fais des créations.»

Bouchra Aïfa est née à Oran en Algérie. Elle arrive en France à 14 ans. Issue d’une famille de diplomate, à la fin de ses études, elle exerce dans un consulat. Sa passion des voyages lui fait découvrir la perle d’eau douce.Chaque voyage lui permet d’accumuler ces perles pour en faire des bijoux mais c’est avant tout un loisir et une recherche personnelle. Pourtant en 2019, après un burnout professionnel, elle décide de changer de métier et de se consacrer à ses passions: la création, les voyages et les rencontres.

Perla création est lancée en 2020.Ainsi, toutes les perles qu’elle a collectées pendant ses voyages sont utilisés pour commencer les nouvelles collections de Bouchra Aïfa. Une destination, un voyage, une perle. Chaque bijou est différent à l’instar des perles qui sont toutes uniques. Bouchra Aïfa trouve son inspiration dans le métissage des cultures de son enfance.«La meilleure amie de ma grand-mère était juive. Elles avaient une tradition à chaque fois qu'il y avait un mariage. Madame Benguigui achetait les robes de mariée de ses filles, à mes tantes. À chaque fois qu'elle allait faire son pèlerinage à la Mecque, ma grand-mère achetait des robes traditionnelles en velours rouge à madame Benguigui pour la fête du henné. Elles voyageaient énormément ensemble, achetaient de beaux bijoux en pierres précieuses, rubis. Je me suis inspirée de la collection des bijoux de ma grand-mère.»

Bouchra Aïfa aime donner un sens et des valeurs à sa marque qu’elle veut engager vis-à-vis des femmes. Elle reverse donc une partie de ses bénéfices à une association qui lutte contre l'isolement des femmes dans la précarité. Une association qui lui tient à cœur. «Pour moi, c'est redonner ce que j'ai eu. Je soutiens une association qui s'appelle "Bien Être pour Elles"à Grenoble et qui aide les femmes en difficultés. Ce sont des femmes qui sont parfois battues ou des femmes qui viennent de l'étranger. Ceux qui achètent un bijou, c'est comme s’ils faisaient un don à cette association. Une fois par an, je leur offre une petite quantité de cadeaux en argent avec des perles d'eau douce pour la fête des mères parce que je suppose, qu’il n’y a personne qui pense à elles, elles sont isolées. J'avais cela en tête parce que je voyais comment dans cette association elles se battaient pour obtenir des subventions. Elles n'avaient jamais de subventions, elles luttaient à chaque fois. Et je me suis dit si un jour si j’étais à l’aise je pourrais me permettre de leur donner quelque chose pour leur faire du bien les aider aussi.»

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Ibeliv, le partenariat vertueux entre l’homme et la nature de Liva Ramanandraibe

5m · Published 07 Oct 22:53

Aujourd’hui, savoir-faire de Madagascar et accessoires de mode en raphia, une ressource naturelle de l’île avec Liva Ramanandraibe, fondateur d’Ibeliv. Ce créateur-designer autodidacte réalise des chapeaux, pochettes ou sacs, assisté par les mains magiques des artisanes-crocheteuses de raphia qui donnent vie à ses créations. Liva Ramanandraibe veille à produire ses collections contemporaines en respectant l’environnement, mais en assurant également un revenu digne à ses artisanes.

Passion, patience et précision permettent de réaliser, à partir du raphia et d’une sélection de techniques de points et de maille de crochet, des accessoires de mode uniques qui ennoblissent cette fibre naturelle.

Il n'y a pas de recette magique, sinon ce serait trop facile. Parfois, l'inspiration peut venir le temps d'une soirée quand je suis bien disposé et tout se fait tout seul. Il peut y avoir, parfois, plusieurs semaines sans que rien ne se passe. Je m'occupe aussi, au sein d’Ibeliv, au-delà de la création, de beaucoup d'autres opérations en tant que gérant d'entreprise.

Liva Ramanandraibe, fondateur d’Ibeliv :

«Dans la vie, rien n'est impossible à celui ou celle qui croit. Ibeliv c'est aussi la contraction de mon nom de famille Ramanadraibe et mon prénom Liva: Ibeliv. Je dirais que c'est la cerise sur le gâteau. C'est le fruit du destin. C'est quelque chose qui s'est fait naturellement et je ne vis pas la vie de quelqu'un d'autre. Et Ibeliv a son propre ADN.»

Né à Madagascar, Liva Ramanandraibe arrive en France afin de poursuivre ses études. Expert-comptable de formation après avoir exercé dans différentes entreprises, il veut donner un sens à sa vie et être utile à son pays. Liva Ramanandraibe se réoriente, donc, vers l’artisanat, afin de faire connaître les savoirs-faire ancestraux de son île. Ce retour aux sources démarre modestement avec deux artisanes, mais 10 ans plus tard, c'est 1200 crocheteuses qui participent à l’aventure Ibeliv. Pour son fondateur, il est primordial de valoriser le travail de la main, de transmettre un héritage culturel, tout en étant dans une démarche de développement durable pour une l’élégance infinie.

«Partager ce que nous avons au fond de nous, c'est partager un sens de l'esthétique et une beauté universelle. Moi, je me définis comme un simple designer qui essaye de faire des créations qui durent dans le temps et j'essaye de transmettre une beauté, une inspiration. Mes voyages à Madagascar, mon enfance, ce que je vis aussi. Nous essayons tout simplement d'embellir la femme de la manière la plus simple possible.»

«J'apporte un design qui soit compréhensible par tous. Je pense que la beauté, elle se juge du premier regard. Il y a parfois des designers qui sont très talentueux, mais parfois, je me pose aussi la question s'ils ont vraiment envie de partager leur design. C'est très personnel. Moi, j'essaie de faire en sorte que chez Ibeliv, le design soit compréhensible du premier coup d'œil et que ce soit une beauté universelle.»

Ibeliv c’est une maison mère à Madagascar qui regroupe tous les artisans et un partenariat avec des agriculteurs qui collectent le raphia. Ibeliv est aussi très actif dans le reboisement pour installer une économie circulaire autour du raphia, cette fibre très solide et pleine d’avenir selon Liva Ramanandraibe

«Quand je vais dans les forêts de raphia, c'est un moment magique de retour vers la nature. Il faut, tout en amenant le progrès, essayer que cela se fasse dans l'intérêt de l'homme, dans son sens le plus absolu, et préserver ce paradis terrestre. L'atelier d’Ibeliv, c'est une vraie famille, 1200 personnes ce n’est pas rien. Celles qui sont en formation, qui doivent apprendre la technique, cela prend à peu près six mois pour maîtriser la technique et pour être expérimenté, il faut encore plus, donc, celles qui sont en formation doivent venir à l'atelier tous les jours pour pratiquer et celles plus ‘expertes’ peuvent faire une partie dans leur foyer, ce qui leur permet aussi d'être libre dans leur temps de travail. Je dois constater qu'elles aiment bien venir parce que l'atelier, c'est aussi un lieu de sociabilisation.»

«Nous sommes en train de travailler sur le Ibeliv Garden, une école qui sera destinée à des enfants où nous allons leur inculquer le bien vivre avec la nature. Comment croire en soi. C'est l'écho de ma propre expérience parce que moi, je suis venu en France parce qu'il n'y avait pas les infrastructures à Madagascar et j'espère que les enfants du futur n'auront pas à faire ce parcours-là pour avoir les compétences locales. C'est une sorte de relocalisation ou de prise de conscience afin de jouer un rôle majeur dans le futur.» 

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Célébrer la mode dans toute sa diversité, le style et la fierté de Kris-Kali

4m · Published 01 Oct 05:35

Aujourd’hui, mode et fashion week parisienne avec le FIMO qui se délocalise à Paris. Nous avons rendez-vous avec le fondateur de Kris-Kali. Pour certaines de ses créations, il conçoit également ses propres tissus. Des designs personnalisés, uniques et abordables pour que chacun puisse trouver des vêtements qui apportent bonheur et confiance en soi. Cet autodidacte a mis au service de sa passion de la mode sa formation en marketing et publicité.

Pour célébrer la créativité de l’Afrique de l’Ouest et ce défilé en dehors du Togo, nous vous faisons découvrir Kris-Kali que nous avons rencontré lors de la dixième édition du Togocom FIMO228, à Lomé.

«Pour moi, c'est l'étape où je me sens utile dans la nature, dans ce monde où je suis. Quand je prends une idée ici, une autre ailleurs, pour moi, c'est un aboutissement. La création me permet d'être moi-même», confieTosso Ayao dit Kali, fondateur de Kris-Kali.

«Kali, c'est les initiales des gens que j'aime. Le K, c'est pour un petit amour de jeunesse. Le A, c'est ma grand-mère, le I, c’est pour ma tante. Cela sonne bien! Les autres prénoms qui m'ont été donnés, quand je demande, je ne sais pas vraiment ce que c'est. Celui-ci, je sais moi-même ce que c'est, et ça me va bien. Je pense que c'est un nom qui m'a apporté aussi bonheur. Kris, c'est un partenaire ajouté à mon business, pour lui rendre hommage, j'avais voulu le rajouter pour faire Kris-Kali», poursuit-il.

Kali est né à Kpalime, à 120 kilomètres de Lomé, la capitale du Togo où il a grandi avec sa tante paternelle. Après son baccalauréat, il obtient une licence en marketing et action commerciale au Ghana. Tout ce qu’il apprend, il le met au service de sa passion de la mode.

Il s’installe à Loméet, en 2007, il crée sa marque de vêtements Kali Fashion, qui va devenir en 2010 Kris-Kali. Il commence par ouvrir un atelier, une boutique, puis une boutique plus grande. Mais son objectif reste le même: la recherche d’originalité dans la création de ses collections chargé d’émotions :

«J'ai envie de raconter très souvent des histoires, et malheureusement, j'ai comme l'impression que les gens ne prêtent pas beaucoup attention à ces histoires. Pour moi, c'est comme une thérapie. La collection que j'ai présentée pour le Togocom FIMO, c'est un éveil africain. Nous allons chercher très loin des choses que nous avons tout près de chez nous. J’ai utilisé des matières comme la calebasse, le raphia. Je pense que je suis très sentimental. Des choses qui m'ont marqué dans ma vie, c'est des petites victoires à chaque fois. Je suis reconnaissant de ce que la vie m'a donné et que des gens qui m'ont aimé. Ma grand-mère, c'est une femme avec qui je n'ai pas vécu, mais c'est la femme qui vient de glisser secrètement dans le colis qu'elle a amené pour la maison: ''Tiens, je t'ai mis un billet de 2000.'' Elle est partie trop tôt. J’ai tellement pleuré quand elle est décédée. À un moment, j'ai dit: ''Mais qu'est-ce que je peux faire?'' Artistiquement, je me suis inspiré de son visage pour quelque chose que je garde, pour l'instant. Cela va être ma collection

Depuis cinq ans, il vit aux États-Unis, à Portland dans l'Oregon,où il continue de créer. Pour Kali, c’est une étape transitoire qui lui permet pleinement d’exprimer sa vision artistique :

«J'ai quitté parce que je me sentais coincé. Je me sentais vraiment coincé. Je ne pouvais pas m’exprimer. Il y avait tellement de préjugés sur moi: ''Qu'est-ce que tu fais dans ta vie? Es-tu marié? Es-tu gay?'' Je devais répondre constamment à ces questions-là. Même dans la création, il y a des choses que j'ai envie de faire, mais je me dis: ''Le Togolais ne va pas aimer cela, ici, c'est un pays catholique.'' Les gens, il y en a un qui disent: ''Vous montrez des filles seins nus. Comment est-ce que vous pouvez faire cela? C’est scandaleux!'' À un moment, j'ai dit: ''Ce n'est pas la peine, je dois me sauver.'' C'est le choix d'aller vivre ma passion ailleurs, de m'exprimer comme je peux. Je suis venu pour ce défilé, mais je ne suis pas du tout dépaysé. Pour moi, c'est comme si j'étais allé faire une course à Accra et revenu. C'est comme si je n'étais jamais parti.»

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Le bijou-sculpture de Catherine Sheedy raconte la matière

4m · Published 24 Sep 05:01

Aujourd’hui, bijoux et sculptures avec Catherine Sheedy. Cette joaillère canadienne s’approprie la matière. Pour exprimer ses idées, elle utilise des éléments et crée des formes en relation au corps. Broche ou collier, pour Catherine Sheedy, le bijou est un mode d’expression. La forme, la texture, la matière, les questionnements philosophiques derrière la matière et l’histoire que celle-ci raconte entraine Catherine Sheedy dans son processus de création.

Elle choisit les matériaux puis les stocke dans son atelier jusqu’au moment où elle se les approprie et les transforme en bijou-sculpture. Nous l’avons rencontrée lors du Salon Révélations, la biennale internationale des métiers d’art et création à Paris.

La place de la création est primordiale. C'est cela qui m'intéresse, même davantage que la pièce. Une fois que la pièce est finie, elle ne m'appartient plus. Elle rentre dans le monde.

 Catherine Sheedy, joaillière et créatrice de bijoux contemporains :

Moi, je veux me concentrer sur la création. C'est là que je m'amuse. Quand j'ai des contraintes imposées, je vais référer plutôt à des amis joailliers qui font cela très bien. C'est juste un autre processus de création qui me rejoint plus. J'ai fait beaucoup de joaillerie. Maintenant, je préfère me concentrer sur les créations que je fais.

Catherine Sheedyest née et a grandi au Canada. Elle entre en apprentissage en joaillerie en 2000, avec une approche orientée sur le concept. Elle poursuit avec une licence et une maîtrise en arts visuels où elle se spécialise en sculpture. Catherine Sheedy ouvre un atelier avec des collections et des bijoux sur-mesure, mais dans la création, elle s’épanouit davantage en sculpture.

C’est en 2008 qu’elle découvre, lors d’une exposition de bijoux contemporains à Québec, qu’elle peut s’exprimer par le médium du bijou contemporain, en dehors des formats et des contraintes des matériaux, pour explorer les concepts au-delà de la bijouterie classique. Sa conception est intuitive et unique comme chacune de ses collections.

«J'utilise tous les outils que j'ai à portée de main pour essayer de transformer la matière, pour me l'approprier et faire des assemblages. C'est très intuitif comme procédé et une fois que j'ai trouvé mon type d'assemblage, de suspension, de transformation de la matière, je vais trouver un assemblage qui va me permettre de faire une collection. Pendant que je fais mes assemblages, je prends beaucoup de photographies sur les différentes possibilités avant de choisir l'assemblage ou le montage idéal. Il y a beaucoup, beaucoup de photographies, de croquis.»

« Je vais retracer les formes pour trouver ce qui est le plus adéquat et puis aussi en fonction du corps, c'est très important. Je veux que mes bijoux soient portables, bien qu'ils soient lourds comme la collection de Silex, c'est vraiment de sentir la matière, sentir le poids de l'histoire. Cela fait partie du concept. C'est tout un travail avant de choisir la bonne pierre et la façon de l'assembler, de la monter. C’est à force d'allers-retours que je trouve la bonne façon de faire.»

Silex, charbon, schiste, la matière qui change d’endroit et qui devient uniforme en s’intégrant dans le paysage interpelle Catherine Sheedy.

«C'est l'histoire de ces matières-là qui m'intéressent, les traces laissées. Comment les paysages se transforment sans que nous nous en rendions compte. Comme pour la collection Silex, la plupart des gens pensent qu'ils sont originaires du Québec. Ils ont toujours été là alors qu'il y a toute une histoire derrière. Je travaillais avec des charbons aussi, c'était la même chose

«Si les plages sont noires, c'est parce qu'il y avait un espace de transbordement de bateaux de charbon. J'ai fait une résidence en Norvège en 2019, je me suis rendu compte, encore une fois, que la plage était complètement en schiste et le schiste n'était pas naturel de là, mais provenait des toitures. Toutes les toitures du village avaient été faites avec ce schiste-là et c'étaient les restes. La plage en schiste est, donc, une transformation de l'homme, mais nous nous en rendons plus compte. La matière et son histoire m'amènent à développer des types de formes en relation avec l'histoire. Par exemple, le schiste de Norvège, j'ai repris des formes qui ressemblent aux toitures aussi, puis aux paysages norvégiens. Je vais m'inspirer du lieu. C'est ma principale source d'inspiration. Ces petits changements là me parlent beaucoup. Je trouve qu'il y a une poésie derrière.»

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Afropian et la beauté des connexions humaines d’Hortense M’Bea

6m · Published 17 Sep 04:15

Aujourd’hui mode africaines au pluriel avec Hortense M’Bea et Afropian. Camerounaise de nationalité et citoyenne du monde Hortense M’Bea a choisi l’Ethiopie comme deuxième maison. Elle exerce deux métiers celui d’interprète et celui de créatrice de mode. Afropian est une marque panafricaine qui dispose d’un réseau d’artisans et d’artistes issus de 15 pays africains différents. Tisserands ou bronziers, Hortense M’Bea fonctionne au coup de cœur, aux rencontres afin de créer ses collections.

Celles-ci sont réalisées artisanalement, éthiquement avec des matières naturelles et des procédés ancestraux et racontent des histoires africaines presque oubliées.

La création, pour moi, c'est une espèce d'exutoire. Et puis, j'estime que j'ai aussi des choses à dire, j'ai des histoires à raconter, que maintenant je suis vraiment investie et sur ma lancée, je ne me vois pas du tout arrêter. C'est essentiel pour moi, cela me nourrit énormément aussi. J'ai toujours un petit carnet, des crayons pour dessiner, je prends des photos de choses en me disant peut être qu'un jour je vais en faire quelque chose. Je suis vraiment dans la création, constamment.

Hortense M’Bea, fondatrice d’Afropian, Maison de couture d’Addis-Abeba en Ethiopie

Afropian, cela vient d’afro-éthiopien parce qu'une chose qui m'a beaucoup choquée la première fois que je suis allée en Ethiopie en 1999, les Ethiopiens m'appelaient l'Africaine et eux se disaient non-africains, ils se disent Abyssins et c'est aussi lié au fait qu'ils n'ont pas été colonisés. Ils se distinguent du reste de l'Afrique, ils descendent de la Reine de Saba et du Roi Salomon. Quand je suis rentrée en Ethiopie, je voulais montrer aux Ethiopiens que nous nous connectons très bien et que les Ethiopiens peuvent être connectés au reste de l'Afrique. Je voulais être une passerelle parce qu'il y avait une déconnexion entre les deux, donc Afropian: c'est afro éthiopien.

Hortense M’Bea est née à Washington aux États-Unis dans une famille de diplomates. Camerounaise de nationalité, elle grandit essentiellement en Europe et aux États-Unis. Très amoureuse et inspirée par l’Afrique, à la fin de ses études d’interprétariat, elle élit domicile en Ethiopie. Elle exerce auprès d’organismes qui œuvrent au développement du continent africain en tant qu’interprète. En 2002 pour l’Union Africaine, ensuite pour les Nations Unies et enfin pour la banque africaine de développement. En 2017, elle quitte la banque africaine de développement et Abidjan et rentre avec sa marque Afropian, en Éthiopie.Hortense M’Bea conçoit Afropian comme une lettre d’amour à l’Afrique.«Mon but, c'est de valoriser toute cette excellence, cet artisanat, cette histoire qu'on oublie un peu. Je travaille beaucoup avec le batik, le bogolan, le tissé éthiopien. J'ai beaucoup de chance d'être en Éthiopie, où le coton est extraordinaire. Il y a une culture millénaire du tissage. C'est un vrai brassage, je ne choisis pas, c'est des coups de cœur, beaucoup de voyages, des rencontres qui me poussent vers des inspirations, des histoires qu'on me raconte, qui me porte vers une collection, comme la dernière que je viens de faire, que j'ai présentée au Fimo s'appelle Bamoun. Le mariage de Penboura.»

«J'ai une sœur qui s'appelle Penboura. Je ne veux pas l'appeler demi sœur parce que nous avons grandi ensemble. C'est la fille de ma mère et du côté de son père, elle fait partie de la famille royale Bamoun à Foumban, mais elle a grandi avec nous, donc elle s'est mariée dans notre culture qui est un peu différente. J'ai essayé d'imaginer ce que cela aurait été si elle s'était mariée dans la culture de son père, donc au Palais Royal Bamoun, avec tout le cérémonial. Ce sont des histoires qui me touchent, des coups de cœur comme cela. C'est de là que viennent les collections.»

Pour sa marque panafricaine, 100 %, artisanale en Afrique, Hortense M’Bea sélectionne des matières naturelles et des moyens de production éthique. Pour Afropianl’exigence d’éco responsabilité est naturelle. «Je viens d'une culture du bord de la mer au Cameroun. Je viens de Kribi où, à l'origine, nous sommes animistes. Nous voyons Dieu dans tout ce qui est nature, dans les rochers, certaines grottes, les arbres, l'océan. Nous respectons cet environnement. C'est comme de respecter sa mère. Il y a cette éco-responsabilité innée, naturelle. Mais je vais aussi plus loin dans la mesure où je réutilise, je recycle toutes mes chutes. Je ne jette absolument rien, j'ai des ballots de tissus mais que j'utilise pour faire des bijoux, des sets de table, etc. Je travaille avec des artisans qui sont certifiés bio au Mali.»

«Par exemple, ceux qui me font mon Bogolan sont certifiés bio. J'ai rencontré chacun des artisans avec lesquels je travaille, donc, je vois le processus, je vois qu'il ne pollue pas, je vois quel genre de teintures ils utilisent. C'est de la teinture naturelle. Il n'y a pas de teinture chimique dans ce que je fais. Le coton éthiopien que j'utilise, c'est du coton bio. Je travaille en Éthiopie, avec deux coopératives qui cultivent leur propre coton, le filent, le tissent et le teignent. Il y a une traçabilité. Nous savons ce que nous utilisons, d'où ça vient. Les gens ne se rendent pas compte, mais en Afrique, nous avons beaucoup de chance d’'avoir accès à des produits naturels très facilement, surtout en Éthiopie.»

Hortense M’Bea souhaite inciter les Africains à consommer et valoriser ce qui est produit localement pour que l’excellence africaine continue.«Mes tisserands, mes bronziers depuis des années se plaignent du fait qu'ils n'arrivent pas à transmettre leur savoir. Eux vieillissent. Il n'y a pas de centre de formation, donc c'est un savoir qui quand ils seront partis, va se perdre. Il faudrait que les Africains investissent dans la formation, créent des centres de formation où ces artisans pourraient former les apprentis et qu'ils soient bien payés pour qu'ils soient intéressés. C'est un travail très pénible et en même temps mal payé. La valeur de nos artisans n’est pas reconnue alors qu'ailleurs en Europe, un artisan, un ébéniste va être très bien payé. C'est un art tellement rare. Les gens se rendent compte de la valeur mais les Africains, non!»

«Il y a beaucoup de choses qui disparaissent, donc il y a tout un mouvement autour de la préservation du Ndop. Tous ces motifs qui sont utilisés sur le Ndop sont des motifs particuliers qui sont transmis de génération en génération d'un tisserand à un autre. Il y a des secrets de fabrication qui ne sont pas publics et qui, s'ils ne sont pas transmis, sont perdus. Maintenant le Ndop, c'est un petit groupe. Il y a un petit groupe de femmes au niveau du palais du sultan qui tisse le Ndop, ce n’est pas assez. Et je dis toujours que ce qui a été fait à la main, c'est un petit peu thérapeutique. Quand je porte un vêtement, il y a une femme dans un village au Mali qui a pris le temps de faire cela et maintenant c'est sur ma peau et je suis en Éthiopie. Il y a une femme qui va être à Madagascar, qui va porter mes vêtements. Il y en a une qui est à New-York qui porte cela. C'est un fil que nous avons tissé, qui nous connecte les uns avec les autres.»

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Christopher Dessus, architecte, scénographe et raconteur d’histoires

5m · Published 10 Sep 04:46

Aujourd’hui de la scénographie avec un raconteur d’histoires. Histoires de salon professionnel, d’exposition de musée ou encore de spectacle vivant avec Christopher Dessus, architecte et scénographe. Ce designer d’espace aime par-dessus tout, avec PAF Atelier, s’adapter et se renouveler en fonction des projets. Dans son travail, il aime prendre position par rapport au monde dans lequel il évolue tout en étant à la recherche de lien à l’autre.

Ses scénographies allient conception et production afin d’avoir un ensemble dessiné et réalisé avec cohérence. Christopher Dessus et PAF Atelier produisent des concepts tout en trouvant de nouvelles façons de réfléchir le produit et tout ce qui gravite autour.

J'ai appris grâce aux rencontres, aux échanges, les partenariats, la mise en place de collaborations. Comprendre aussi comment ces énergies fonctionnent, cela a été fondamental dans la manière avec laquelle, aujourd'hui, je travaille. Ma matière, cela a été plutôt la matière à penser, donc l'écriture et les rencontres.

Christopher Dessus, architecte et fondateur de PAF Atelier :

« Je ne voulais pas du tout appeler l'atelier par mon nom et mon prénom. J'avais envie d'un mot qui rassemble plutôt des gens derrière. J'aime bien l'idée d'avoir quelque chose d'assez simple à retenir. Il n'y a pas trop d'intellectualisation derrière, c'était juste d'avoir quelque chose qui potentiellement pouvait valoir entre guillemets une action, ou en tout cas un dynamisme et quelque chose d'assez immédiat. Et paf! Dans tous les cas, c'est une façon pour moi de rendre un peu plus légères les choses. »

Natif de Nice dans le sud de la France, Christopher n’était pas prédestiné ni à l’architecture, ni à la scénographie. Ses parents agriculteurs l’ont encouragé dans son envie de vouloir faire différemment. Après son baccalauréat, il intègre l’école d’architecture de Versailles. A la fin de son cursus, il crée sa maison d’édition PLI, celle-ci lui permet de s’auto-former dans différents domaines artistiques, et il fonde PAF Atelier en 2017, pour passer à la mise en œuvre de ses conceptions, ses idées.

« Par exemple, nous avons eu le projet du salon Première Classe. Le chantier était titanesque. Nous avons travaillé sur des tentes gigantesques de plus de 600 mètres carrés où il faut générer énormément de volume. Faire de la scénographie là-dedans, c'est des budgets monumentaux. Notre travail, c'était de trouver un moyen de faire de la paroi souple pour des montages faciles, pour ne pas construire puis jeter à la poubelle. Ces éléments-là ont été entièrement réutilisés et c'est pour cela que la production est hyper importante.»

« Nous arrivons toujours à trouver des astuces et c'est pour cela que PAF Atelier est appelé, je pense. Pour essayer de trouver des solutions qui sont à la fois de l'ordre de l'esthétique, de la sémantique, de la sémiologie, mais aussi de la production et comment, d'une certaine manière, nous pouvons répondre à un projet en étant cohérent et en même temps en trouvant des choses malines pour pouvoir le faire. L'autre avantage de l'agence, et c'est cela qui fait, aussi, un peu sa spécificité, c'est que nous avons des obsessions multiples. Nous n’en avons pas qu'une et nous n’avons pas qu’un seul outil. »

L’intuition créative de Christopher Dessus est soumise à la commande, au cahier des charges du client privé, public, du milieu associatif ou du spectacle vivant. Avec PAF Atelier, il souhaite relever le défi de la matière qui embellit l’espace.

« Nous suivons un cahier des charges parce que c'est notre travail. Pour moi, c'est fondamental. Après, au niveau créatif, je pense que j'ai un instinct et que j'essaie d'avoir une vision globale sur l'agence et surtout de ce que j'ai envie de faire. Mais, parfois, je me trompe et c'est l'équipe qui me permet aussi de trouver de nouvelles choses à tester. Par contre, quand il y a des choses que je n’ai pas envie d'aborder, et si nous l’abordons pour un client, peut être que nous garderons pas cette idée-là pour la poursuivre. »

« Nous avons eu notre époque rideaux. À un moment donné, j'étais fan de rideaux, nous en utilisions dans tous nos projets et maintenant nous sommes à l'époque du gonflable. Nous avons eu l’époque de la tôle. Nous avons eu plein d'espèces d'obsessions comme cela qui sont restées toujours là. J'essaye un peu de les insuffler parce que c'est intéressant. Nous travaillons pendant quelques années ou quelques mois sur des matières ou des effets, des rendus, des ouvertures, des formes, etc. parce que cela permet aussi de les épuiser. J'aime ce processus d'épuisement. »

« Dans la création aussi de se dire que nous partons d'un point A et nous nous rendons à un point B potentiellement en l’épuisant dans tous les sens, nous arrivons d'une certaine manière à la forme idéale, ou en tout cas à la forme la plus universelle possible. »

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L'art de faire briller l'or sur la porcelaine de Christel Potaufeu

5m · Published 03 Sep 05:31

Notre série d’été sur les métiers d’art de la Manufacture de sèvres prend fin, en compagnie de Christel Potaufeu, brunisseuse. L’atelier de brunissage est la dernière étape pour les pièces produites à sèvres sauf les vases ou les coupes qui ont besoin d’avoir un montage et qui vont donc aller à l’atelier montage et ciselure. Cette dernière intervention révèle la brillance de l’or rendu mat par la cuisson.

A l’atelier de brunissage, les brunisseuses écrasent avec un outil en pierre semi-précieuse, agate ou hématite, le décor doré, afin de lui redonner sa brillance.

Nous devons donner aux pièces de la brillance sans avoir l'impression que nos outils sont passés sur l'objet. Un brillant miroir.

Christel Potaufeu, brunisseuse et responsable de l’atelier brunissage

« Le but du jeu ce n'est pas de faire n'importe comment. Il faut que cela soit bien poli. L'exigence, c'est d'avoir un travail parfait. Parfait. Parfait. La perfection, c'est toujours difficile, mais nous avons de l'exigence dans le travail. Que ce soit le mieux possible. »

Christel Potaufeu est née à Anthony dans la banlieue parisienne, elle a beaucoup voyagé toute sa jeunesse en vivant en caravane. A son arrivée au collège ses parents se fixent pour plus de stabilité. Attirée par le dessin, la sculpture, elle passe son brevet de technicien d’art appliqués à l’école Auguste Renoir à Paris. A cette époque la céramique ne l’intéresse absolument pas.

« Pour moi, à quatorze, quinze ans, la poterie, cela fait office de vieux truc de mamie. Je n'aimais pas. Peindre des petites roses, cela ne m'intéressait pas particulièrement. Alors que quand je suis arrivée dans cet atelier, après avoir passé le concours, je me souviens, j’avais un pied de coupe, il y avait du soleil. Cela a reflété et avec l'outil de voir la brillance de l’or apparaitre, je me suis c’est extraordinaire! J'ai su que c'était cela qui me faisait envie, qui me faisait plaisir. »

« Moi, j'arrive par le pont de Sèvres et tous les jours, je vois le musée allumé en bleu parce que je commence à 6 h. Je me dis le jour où je serai lassée de voir ce paysage, il sera temps que je m'en aille. Mais je ne suis toujours pas lassée, donc cela peut encore durer encore quelques années. »

Le brunissage est un métier d’observation et l’atelier de brunissage est le garant d’un travail exceptionnel puisque toutes les pièces avec de l’or passent par l’atelier avant d’être livrées. «Nous n’allons pas commencer le brunissage si nous voyons un petit défaut. S'il y a un petit problème sur le filet, nous allons rendre la pièce directement à l'atelier du filage qui va remettre de l'or. Cela recuit, nous récupérons, nous gardons. S'il manque une marque, c'est arrivé. Nous regardons s’il n'y a pas une pointe de fer en plein milieu d'un décor. Quelquefois, en dernière cuisson, il peut y avoir une petite pointe de fer qui se pose. Je crois que c'est ce qui est le plus important ici, c'est de regarder les choses, s'imprégner de la pièce. C'est beaucoup de travail pour tous les ateliers, donc, nous regardons et nous faisons très attention à ce qu'il n'y ait aucun défaut. »

« Puis, à nous de lui donner toute sa beauté. Ici, nous sommes dans le seul atelier où nous sommes les seuls maîtres de notre travail. Il n'y a pas quelqu'un qui vient vérifier si nous avons bien travaillé ou pas. Nous faisons très attention à la façon dont nous allons brunir nos pièces. Nous sommes les garants d'une pièce parfaite et finie dans les placards. Nous sommes les derniers et nous avons de la chance de voir tout ce qui est production contemporaine, réédition de pièces anciennes. Tout passe chez nous. »

Pour redonner la brillance à l’or, Christel Potaufeu dispose d’outils avec des pierres semi-précieuses. «Nous allons nous servir d'agates qui sont des pierres très dures, des pierres à base de quartz avec une dureté pratiquement proche du diamant, donc extrêmement coupante. Mal manipulé mal sur un émail tendre, nous risquons de couper la porcelaine. Nous avons des hématites, ce sont des pierres à base d’oxydes de fer qui sont beaucoup plus tendres, beaucoup plus douces. Tous les outils ont des fonctions différentes. »

« Vous avez des outils qui servent à polir, des outils qui servent à dégrossir, les outils qui vont servir pour faire le brunissage à effet parce qu'ils sont extrêmement effilés. Des outils un peu plus larges, des petits crochus pour aller dans les creux. Chaque outil a une fonction. Nous avons uniquement des outils en pierres semi-précieuses pour donner la brillance, à nous de les utiliser le mieux possible. »

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Benjamin Juillard: l’or au bout du pinceau

4m · Published 27 Aug 04:58

100% création prend ses quartiers d’été à Sèvres : focus sur les métiers d’art.  Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Benjamin Juillard, doreur fileur.À l’atelier de filage dorure, on réalise à partir d’or, platine, argent ou de couleurs, au pinceau et à main levée tous les éléments de décoration sur les œuvres et pièces produites par la Manufacture de Sèvres. Le métal précieux le plus utilisé est l’or pur 24 carats. Cette étape est indissociable des décors de la Manufacture de Sèvres.

Je viens souligner certains traits de chacune des pièces avec des couleurs, du platine ou de l'or.

 Benjamin Juillard, doreur fileur 

L'or qui est sur ma palette est de couleur marron. Je mélange de l'or en poudre avec un or liquide et cet or liquide contient des huiles essentielles et lors de la cuisson, toutes les huiles essentielles, y compris l'huile essentielle de lavande que j'ajoute par la suite, vont s'évaporer. Il ne restera que de l'or en poudre sur la pièce."

«Nous cuisons les pièces entre 600 et 850 degrés. Si je fais un mélange qui est trop gras en mettant, par exemple, trop d'huile essentielle de lavande, cela va fuser. Au lieu de faire quelque chose de fin, cela va s'épaissir. Cela peut aussi faire des dégoulinures, si c'est à l'horizontale et au niveau des surépaisseurs si je fais un mélange qui est un peu trop consistant malheureusement à la cuisson, cela risque de sauter, c'est à dire que l'or va être en bloc à un endroit et va faire sauter l’émail et il faudra recommencer au début.»

Né à Versailles, il découvre la céramique vers 10 ans. Dans son cursus de formation, il fait un bref stage à la Manufacture de Sèvres. Après, avoir obtenu son diplôme national des métiers d’art et du design en céramique et numérique, il arrive à la Manufacture de Sèvres, en 2021 à la suite de l’obtention du concours d’entrée. Ici, le travail se fait à main levée d’après un modèle ou suivant les indications d’un artiste pour une œuvre contemporaine. Ce métier de patience et de rigueur permet de monter en compétences et d’apprendre tout au long de sa carrière. «La première année, c'est essentiellement une année de stage où nous allons apprendre le métier. Nous allons travailler, d'abord, avec des couleurs comme des gammes avec des filets sur différentes pièces. Puis nous allons complexifier les exercices pour ensuite passer sur des tasses, faire des garnitures sur des anses. Et une fois que nous aurons fait tout un panel de pièces, nous allons pouvoir passer à de vraies commandes et passer à l’or surtout.»

Pour réaliser les filets on utilise un pinceau biseauté dit « à sifflet », qui permet d’avoir une grande réserve d’or, d’argent, de peinture ou platine afin de poser les filets.  «J'utilise essentiellement un pinceau sifflet qui me permet de faire tous les filets. J'utilise de l'or. C'est ce que j'utilise quasiment tous les jours, en poudre, de l'or liquide et je viens le mélanger avec de l'huile essentielle de lavande. J'ai ma palette sur laquelle, avec mon couteau, je fais mes mélanges, mes préparations. Il faut savoir que l'or, quand il arrive à la Manufacture, il est sous forme de lingot. Il va être traité dans un laboratoire au sein même de la Manufacture. Ensuite, il va falloir le préparer avec un fondant, une matière qui va permettre de fixer l'or sur les pièces pendant la cuisson. Tout cela, nous devons le faire dans l'atelier. Il y a des proportions à respecter, il ne faut pas se tromper. Les dosages sont définis par rapport à la forme de la pièce, de la pâte de la pièce et aussi à son décor. Nous allons faire différents dosages de fondants et nous allons même le changer en fonction de ce que nous voulons.»

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100 % création has 118 episodes in total of non- explicit content. Total playtime is 9:29:13. The language of the podcast is French. This podcast has been added on August 24th 2022. It might contain more episodes than the ones shown here. It was last updated on May 26th, 2024 04:41.

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