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100 % création

by RFI

Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100% création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53,6h52 et 12h54 TUvers toutes cibles. (Heure de Paris = TU + 2 en été).

Copyright: France Médias Monde

Episodes

Mounir Moda, une mode au masculin flamboyante et made in Sénégal

5m · Published 04 May 22:00

Mounir Moda, styliste sénégalais, créateur de la marque éponyme, est aussi le promoteur du festival de mode 2MDesign show à Dakar et du Salon international de la mode, le SIM. Mounir Moda a à cœur d’utiliser dans ses collections de vêtements pour homme le pagne tissé pour mettre en avant les savoir-faire de son pays et le Made in Sénégal. Il fait co-exister son héritage textile et le temps présent.

Une manière de donner à voir une mode durable et responsable. Mounir Moda a fait du tissu et de sa créativité une signature. Son événement qui a lieu du 4 au 12 mai à Dakar est là pour mettre en lumière le potentiel créatif et économique de la mode sénégalaise, africaine, mais aussi internationale. Nous l’avons rencontré lors d’une autre Fashion Week, celle de Lomé, où son défilé a été très remarqué.

Avant, je regardais les défilés des grands créateurs comme Jean-Paul Gaultier. Il y avait Adama Paris au Sénégal, Collé Sow Ardo, je me suis dit "Pourquoi je ne ferais pas comme eux?". C'est cela qui m'a poussé à aimer la mode et à promouvoir le Made in Sénégal.

Mounir Moda, styliste et promoteur du festival de mode 2M Design à Dakar et du Salon international de mode :«Mounir, c'est la lumière, en arabe, on dit Mounir, c'est la lumière brillante. Moda, cela veut dire la mode en italien.»

Mounir Moda sait très tôt ce qu’il aime: la mode. Sans perdre de temps, il quitte l’école en seconde pour se concentrer sur sa passion avec une formation chez un tailleur pour devenir styliste. Ancré dans son temps, Mounir Moda se fait connaitre grâce aux réseaux sociaux et il lance sa marque éponyme en 2015 bien avant d’ouvrir une boutique ou un atelier à Dakar.

«Nous sommes dans le monde digital, surtout au Sénégal. Nous sommes tout le temps sur Instagram, Facebook, TikTok, sur les réseaux sociaux. Il y a des stylistes qui ont du talent, mais leur problème, c'est qu'ils ne sont pas conseillés. Avant d'ouvrir une boutique, j’avais une page Facebook. Avant Instagram, j'avais une page Facebook. Je ne faisais que la chemise mélangée avec des pagnes tissés. J'ai commencé à avoir beaucoup de clients. Ma mère m'a conseillé d’ouvrir une boutique. C'était en 2018, mais la boutique n’est pas assez grande. J'ai ouvert une deuxième boutique, en 2020. En 2021, j'ai ouvert un grand showroom de 250 m2, il y a un appartement où il y a plus de quinze tailleurs et deux assistantes en même temps.»

Mounir Moda travaille le pagne tissé d’une manière facilement reconnaissable aussi bien dans le prêt-à-porter que dans le sur-mesure pour homme.«Je dessine. Je fais le design. Le pagne tissé, c'est mon identité. Je prends le pagne avec toutes les matières du textile, parfois du lin, parfois du super 100 (finesse de la laine). Par exemple, si je fais une collection, d'abord, je commence par réaliser trois pièces, si je fais les trois pièces, je vais appeler un mannequin pour faire l'essayage. Est-ce que cela va? Si cela va, je vais faire encore beaucoup de pièces. Pour le shooting, le pagne tissé est un tissu qui a beaucoup de valeur, donc du coup, il ne faut pas être trop chargé. Il faut le manier seulement avec discrétion.»

Ce styliste sénégalais est également le promoteur de 2MDesign Show, dont la prochaine édition, se déroule du 4 au 12 mai à Dakar. Il est aussi le promoteur du SIM, le Salon international de la mode, un concept lancé autour de 2MDesign show en 2019 et devenu aujourd’hui un évènement à part entière.«Lors de cette quatrième édition, nous avons sélectionné 35 designers. Une sélection avec deux défilés différents. Je ne peux dire qu'il n'y a pas de jeunes créateurs. Il y a des créateurs anciens et de nouveaux créateurs et cela leur donne l'opportunité d’avoir une visibilité optimale. Nous sélectionnons aussi pour le grand défilé. Mais le grand défilé, c'est la crème de la crème.»

«Sur notre événement, le 2MDesign show, la première édition, il n'y avait pas d'exposition, lors de la deuxième édition, il y avait une exposition, mais seulement pour les stylistes qui participaient à l'événement. Lors de la troisième édition comme nous avons eu beaucoup de demandes, l'exposition est devenue le salon de la mode afin de valoriser les talents. Le salon international de la mode, nous pouvons le faire à Dakar ou en France, pourquoi pas au Togo, partout. Parce que le salon international de la mode maintenant est indépendant de l'événement. Ce n’est pas la même chose, ce n'est pas le même concept.»

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ERY MERA, la mode de Rekiatou Daboya sublime en toute discrétion

6m · Published 27 Apr 22:03

Rekiatou Daboya est guidée par la simplicité afin de créer une mode chic et élégante. La styliste Togolo-française navigue entre la France et le Togo, mais son atelier est installé à Lomé. Elle y conçoit ses tenues de prêt-à-porter en petites séries et du sur-mesure pour femmes, hommes et enfants. Elle aime de plus en plus travailler selon latechnique du flou,afin de réaliser desvêtements souples et déstructurés, un peu comme des sculptures textiles.

Styliste et créatrice de la marque ERY MERA, elle a participé à la Fashion Week de Lomé. Lors de sa 11ème édition, le Festival International de la Mode, le FIMO 228, organisée par Jacques Logoh, a mis en avant sa collection audacieuse. Selon Rekiatou Daboya, chaque pièce doit avoir une histoire, une personnalité, une âme. Bref: être une pièce unique.

J'aime beaucoup voyager. Quand je trouve que l'inspiration est arrivée à saturation ou que je n'en ai plus, je m'évade quelques jours et je reviens comme quelqu'un de neuf.

Rekiatou Daboya, Styliste et créatrice de la marque ERY MERA

ERY MERA, c'est un mélange de mes initiales, celles de mon mari et de mes enfants.

Rekiatou Daboya est née à Lomé d’un père togolais et d’une mère Togolo-française. Après son baccalauréat, elle continue ses études universitaires à Paris en administration économique et sociale mais sa vraie passion, c’est la mode.

« Au début, c'était comme un jeu, ce n’était pas pour en faire mon métier. Je voulais me faire des tenues. Les gens me demandaient "Qui t'a fait ta tenue?" et "d'ouvrir un atelier". Je disais " Non, je n’ai pas les capacités pour, je n'ai pas, j'ai pas le niveau pour ". Et puis, de fil en aiguille, j'ai été obligée de me dire que je pouvais le faire. J'ai pris une année pour vraiment me spécialiser parce que j'avais déjà un certain parcours. Je savais faire beaucoup de choses, donc j’ai eu une validation des acquis et le niveau pour prétendre à la formation. Après ma formation, j'ai passé des examens, j'ai eu mon diplôme et j'étais l'une des meilleures de ma promotion. C'est très gratifiant parce que la couture ou le stylisme ce n'est pas facile. Mais hors de question que je quitte ce domaine. Il faut être tenace et avoir une certaine ouverture d'esprit pour pouvoir évoluer dedans. »

Après l’obtention de son diplôme à Paris, elle lance sa marque ERY MERA, en 2018, à Loméet tout s’enchaine très vite: défilés, collections, commandes. Dessiner, appréhender les étapes pour réaliser ses idées en passant par le dessin, le patron, la couture et le tissu. Pourtant Rekiatou Daboya aime de plus en plus concevoir ses tenues selon latechnique du flouafin de réaliser desvêtements souples et déstructurés.

« Je n’aime pas faire comme tout le monde, suivre le mouvement. Je n’ai pas de limitation. Par exemple, dans le choix de tissus, je peux utiliser n'importe quelle matière pour faire mes vêtements, cela dépend de ce que j'ai envie de faire. Pour le FIMO, je suis partie des couleurs, je n’ai pas fait de dessin, j'ai tout fait sur le mannequin directement. Parfois, je travaille comme cela, parfois, je fais des dessins, mais en général, je constate que je ne suis pas mes dessins.»

« Pendant la réalisation, j'ai tendance à modifier quelque chose, donc, je préfère faire sur le mannequin, voir directement ce que cela donne visuellement, sur le mannequin, c'est du moulage et je n’ai jamais fait de moulage en formation, seulement lors d’un stage. J'arrive à jongler entre les deux, selon ce que j'ai envie de faire et je ne coupe pas le tissu directement. Je travaille avec la toile et j'essaie d'avoir un visuel de l'idée que j'ai sur le mannequin. Et si cela me plait, oui, je teste avec le tissu.»

Afin de réaliser ses vêtements, Rekiatou Daboya n’a pas de limite dans le choix du tissu pour créer de nouveaux styles et designs, tout en restant intemporel.

« Je n’ai pas de préférence parce que parfois les clients qui me demandent "quel genre de tissu je peux ramener?", je réponds: "Tout". Ma vision est tout autre. Même si je suis quelqu'un d'assez timide. Je suis tombé dans un métier qui n'a pas besoin de timides, donc je m'y adapte. À travers mes créations, j'essaie que cela soit élégant. Les choses les plus belles, pour moi, sont simples.»

Rekiatou Daboya complète sa vision de la mode avec un nouveau projet cosmétique en commençant par une gamme de soins capillaires.

«Je m'inspire beaucoup de grands couturiers comme Christian Dior par exemple, qui ne propose pas que des vêtements, qui propose des sacs, des accessoires et autres. Le style ne s’arrête pas juste aux vêtements, c'est un tout. Quand j'ai lancé ce produit cosmétique, j'ai vu l'engouement des gens. La femme a besoin de prendre soin de ses cheveux. Au début, j'ai commencé juste avec les crèmes qui faisaient pousser les cheveux et après, j'ai développé une gamme complète: un après-shampoing, shampoing, masque, crème pour faire pousser les cheveux et une autre pour donner du volume aux cheveux. Ce sont des recettes de grand-mère que j'ai modernisées avec quelques ingrédients supplémentaires que j'ai testés. C'est comme la couture, j'avais commencé comme un jeu et puis c'est devenu mon métier.»

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Landry Clément, des œuvres d’art en bois sculptées comme des bijoux

6m · Published 20 Apr 23:41

Landry Clément, dans son atelier provençal dans le sud de la France, sculpte et façonne des pièces en chêne, dorées avec des feuilles d’or. Des objets contemporains dont les surfaces sont sculptées et où les touches d’or soulignent la singularité de la pièce en bois. Artisan d’art et artiste passionné, Landry Clément travaille seul. Chaque pièce est réalisée à la main, capturant l'authenticité et la finesse du bois qui prend vie grâce à la touche de lumière apportée par la feuille d’or.

Landry Clément sculpte le bois pour obtenir des effets de matière ou créer des effets d’optique. Le bois s'harmonise avec l'or qui sublime les sculptures de Landry Clément comme des bijoux.

La création, c'est mon moteur. C'est cela qui me fait avancer.

–Landry Clément sculpteur sur bois, doreur à la feuille.

« Parfois, je suis dans des périodes de doute. Il m'arrive quelquefois de me dire “mais tout cela n'a pas de sens!”Tout ceci n'a aucun sens pour quelqu'un de très pragmatique, linéaire ou bureaucrate. Mais c'est ma vie, c'est une ligne pour moi. C'est une ficelle que je suis. Chaque fois que j'ai terminé une pièce, je me languis de faire la continuité, de poursuivre “la famille” ou la collection, de faire la pièce d'après. Nous sommes toujours à la recherche de la pièce ultime.»

Landry Clément est né à Aix-les-Bains, en Savoie. Il fait des études d’horlogerie, puis il s’oriente vers la bijouterie. Pendant plus de 22 ans, il travaille dans le milieu du luxe et de la bijouterie en occupant différents postes: vendeur, responsable de magasin et responsable régional. À la suite d'un accident du travail, il tire malheureusement un trait sur la bijouterie. Il se forme, alors, à la sculpture-dorure.

« Moi, qui avait dirigé beaucoup de personnes, qui avait voyagé; au début, de me retrouver dans un atelier, c'était un peu compliqué parce que je n'aimais pas me salir les mains. Je n'avais pas appréhendé l’utilisation de machines très tranchantes. La scie à ruban, les rabots, ce sont des outils qui sont très tranchants. Par mon parcours, assez rapidement, je me suis rendu compte que j'avais des facilités. »

« Le fait d'avoir été bijoutier, j'avais cette facilité de pouvoir appréhender les volumes, ce qui est la plus grande difficulté, pour devenir sculpteur. Ne pas savoir dessiner, ce n'est pas un problème. Mais c'est très complexe sans la compréhension du volume dans les trois dimensions. Cela, nous l’avons ou nous ne l’avons pas. Moi, j'avais cette faculté, cette facilité. En cours d'année, nous avons réalisé un bas-relief. C'est à ce moment-là que je me suis senti sculpteur. Je me suis dit: “Je vais devenir sculpteur et doreur”, parce que le but, c'était vraiment la dorure. Dans un premier temps, je ne jurais que par la dorure...»

En 2014,Landry Clément crée son atelier et depuis 2015, il est installé dans l’un des plus beaux villages de Provence, dans le sud de la France. Il réalise des pièces contemporaines en petites séries, sur commande, ou des pièces uniques. «Quand les gens viennent à l'atelier, parce que j'ai un atelier avec un showroom, ils sont intimidés. S’ils demandent s’ils peuvent toucher, c'est que j'ai réussi quelque chose. Pour moi, ce n’est pas, c'est pas négatif, c'est une reconnaissance. »

« Moi, j'ai imaginé des formes. Les pièces, je les ai imaginées dans des positions bien spécifiques mais malgré tout, après, chacun y voit ce qu'il veut. Je fais beaucoup de ronds, le rond m'inspire beaucoup. Quand je crée une pièce, je l'imagine dans une maison, posée sur un buffet à côté d'une cheminée. Des fois, je suis interrogé sur le message, “qu'est-ce que vous avez voulu symboliser ?” Là, je n'ai pas beaucoup de réponses. Je ne veux pas me poser la question. »

Afin de réaliser ses pièces Landry Clément sélectionne, principalement, le bois du chêne. «La première raison, c'est une question de couleur, parce que j'aime la couleur du chêne, même s'il y a d'autres bois qui se sculptent très bien: le noyer, le hêtre, le frêne. Mais la couleur du chêne est une couleur qui me plaît. »

« La couleur noire s’obtient par une oxydation du bois qui se fait avec du vinaigre et de la paille de fer. Le bois est oxydé et cela n’est possible que sur le chêne et le châtaignier qui sont des bois très tanniques. La troisième raison, c'est que physiquement, comme c'est sculpté à la main, c'est un bois qui est à ma portée. Je trouve que le mélange de l'or, de cette partie oxydée et de ce chêne clair se marient bien. »

Pour Landry Clément, ses œuvres sont inachevées sans la dorure.“La pièce n'est pas complète, tout comme chacune de mes pièces est sculptée des deux côtés. Sachant que techniquement, je pourrais me dire que la face arrière ne se verra pas. Mais quoi qu'il en soit, toutes les pièces sont sculptées des deux côtés et la dorure apporte une touche supplémentaire. Les points d'or révèlent la sculpture. Les gens qui ne savent pas que j'ai été bijoutier, souvent me disent “mais vos sculptures ressemblent à des bijoux”, ou “il y a un côté féminin” ou encore “il y a un côté africain”. C'est parce que j'ai des lignes qui sont très simples...»

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SouAaG Paris: la mode et son empreinte positive avec Souaad Gargari

6m · Published 13 Apr 22:09

Souaad Gargari, avec sa marque SouAaG Paris, propose plus que des tailleurs féminins. Cette créatrice franco-marocaine a une vision de la mode avec une esthétique qui transcende les traditions textiles marocaines pour incarner le chic urbain d'aujourd'hui.L’art ancestral marocain de la passementerie, avec le galon de soie, est réintégré dans le vestiaire féminin.

Une fusion harmonieuse entre l'élégance intemporelle parisienne et une touche très audacieuse mettant à l’honneur le savoir-faire traditionnel marocain.Souaad Gargari utilise des matières upcyclées pour ses collections qui ont un style intemporel, inspirées par les femmes. Chics, écoresponsables et élégantes, naturellement.

La création, pour moi, c'est un moyen de jouir d'une liberté. C'est une liberté de penser, d'exprimer notre vision, notre perception du monde. C'est une liberté non palpable. La création ne se mesure pas et elle n'a pas de prix. C'est vraiment quelque chose d'immatériel, d'impalpable et de sacré.

« J'ai déposé la marque SouAaG. J'ai pris la base de mon prénom, et puis la première lettre de mon nom de famille, pour créer SouAaG », expliqueSouaad Gargari, styliste, fondatrice de SouAaG Paris et entrepreneure dans la mode.

Souaad Gargari est née dans le nord de la France. Elle a grandi au centre du pays, en Corrèze, dans une famille modeste, avant de suivre des études commerciales, puis d'intégrer un grand groupe en tant que responsable des ventes. Elle y a exercé pendant plus de 15 ans.

Le dessin a toujours accompagné cette créatrice franco-marocaine. Elle y revient au moment où elle a le sentiment d’avoir atteint un plafond de verre dans sa carrière. Souaad Gargari reprend donc ses fondamentaux: le dessin et l’envie de réussir par elle-même. En 2014, à 35 ans, elle fait une formation de styliste. En 2017, elle dépose sa marque. Entre 2017 et 2019, elle expose ses collections en boutiques éphémères. Ensuite, elle se consacre à temps plein à la mode comme styliste et cheffe d’entreprise.

« Quand j'ai créé la marque, tout de suite et sans me poser de questions, j'avais une approche éthique et responsable, dans la mesure où le marché du textile est déjà le marché le plus polluant du monde et qu'il existait déjà énormément de stocks, de tissus, de stocks dormants. Lorsque j'ai créé mes premières créations, je chinais, cherchais des pièces, des tissus déjà existants dans des entrepôts qui récupèrent des tissus qui viennent de partout. Donc je travaille toujours avec des pièces qui ont été fabriquées et qui ne sont plus exploitées et exploitables. Je sélectionne les meilleures matières pour certaines de mes créations. C'est toujours du bon sens et en circuits courts. »

« Je fusionne les meilleurs savoir-faire de mes deux cultures, c'est à dire la France et le Maroc. Je suis française, j'habite en France, je travaille avec des collaborateurs français, j'ai des artisans, des couturiers français. Ma modéliste est française. Ils habitent tous à Paris. Pour moi, c'est du bon sens. Et ensuite, l'artisanat marocain, c'est toute l'âme, c'est tout l'univers, l’ADN de SouAaG, c'est-à-dire que ce sont les inspirations, ce sont mes racines aussi. Je suis d'origine marocaine, je suis d'origine berbère, donc il y a énormément de choses que j'ai vu être fabriquées depuis que je suis petite. C'est un patrimoine ancestral que je souhaite réintégrer dans notre vestiaire contemporain et c'est totalement possible. »

Souaad Gargari, avec SouAaG Paris, s’adresse aux femmes avec un message d’émancipation. «De par ma vie, mes expériences et mon passé, j'avais envie d'aider la femme, lui donner de la force pour s'émanciper et aider la femme à être indépendante, autonome. C'est une marque qui aide les femmes à gagner en confiance, en assurance, avec des pièces upcyclées qui allient des univers très forts et qui donnent le pouvoir. Elle permet aussi de donner du travail à des femmes qui vivent de cet artisanat. Par exemple à des artisanes au Maroc qui, grâce à la confection de ces galons, peuvent vivre et former des voisines, ce qui leur permet justement de travailler en collectif et de créer un réseau professionnel qui leur permette de s'émanciper. »

« Pour la France, c'est des recherches. J'essaie de m'entourer, le plus possible, d'artisans qui ont des valeurs éthiques comme les miennes. C'est important de sentir que les couturières sont bien traitées, respectées, parce que le milieu de la couture est très dur. Il y a des horaires de travail qui sont très larges. Pour moi en tout cas, c'est important qu'elles aient du travail, certes, mais pas aux dépens de leur vie familiale. »

Souaad Gargari aime travailler l’art ancestral marocain de la passementerie, les galons et boutons en fils de soie ornent ses collections et révèlent l’élégance à la française, afin de consommer autrement. «La jeune génération est beaucoup plus sensible et sensibilisée sur l'avenir de notre planète et sur ce besoin de consommer différemment, surtout sur ce qui touche le textile. Elles sont beaucoup plus sensibles que les anciennes générations. Ce que je développe comme coupe, c'est le confort. »

« J’ai travaillé deux ans dans le développement technique de mes tailleurs pour qu'ils soient très élégants et très confortables. Mes clientes ont généralement plus de 30 ou 35 ans, celles qui achètent le plus ont la cinquantaine. Elles ont atteint aussi un niveau social assez confortable. Mais c'est surtout le confort d'abord qui prime, mais il y a toujours ce besoin d'être élégante. Donc c'est important d'allier le confort à l'élégance. »

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Pierre Salagnac, l'artisan d'art qui sculpte le bronze comme un enfant

9m · Published 06 Apr 22:15

Les journées européennes des métiers d'art, se terminent ce dimanche 7 avril. À cette occasion, nous vous faisons découvrir l’atelier de Pierre Salagnac, sculpteur et bronzier d’art à Paris. Pierre Salagnac maitrise les trois savoir-faire spécifiques qui composent le métier de bronzier: le montage, le tournage et la ciselure. Ses œuvres les plus emblématiques et qui l’ont fait connaitre : les bonzaïs de bronzequi voyagent aux quatre coins du monde.

Bonzaïs, mobilier, luminaires ou bijoux, ils sont dessinés, tournés, ciselés et montés par Pierre Salagnac qui est à la recherche de la forme présente dans la matière.

La création est importante parce que je peux me permettre, en dessinant, de fabriquer des choses qui correspondent à mon métier, parce que j’ai certaines contraintes et je ne peux pas tout faire. Je peux faire beaucoup, mais pas tout.

Pierre Salagnac, sculpteur et bronzier d’art.

Le fait de dessiner moi-même les pièces, m'amène à pousser un petit peu mes limites, à m'amuser un peu plus. La création, pour moi, c'est vraiment un grand, grand pas vers la liberté. Et puis, de ce fait, c'est un peu nouveau tous les jours.

Né à Rouen, Pierre Salagnac est le troisième enfant d’une fratrie de quatre. Passionné de dessin, à 14 ans, il suit le chemin de ses ainés et passe le concours de l’école Boulle, l’une des plus grandes écoles d’art et de design en Europe. Pendant ses cinq ans de formation, son attirance pour le bronze lui est transmise par un enseignant. «Quand nous arrivons à l'école Boulle, nous faisons le tour des ateliers pour découvrir les différentes techniques. Il y a l'ébénisterie, la sculpture, la ciselure, la gravure. Je suis tombé complètement en amour du professeur et j'ai remis mon avenir entre ses mains. »

«J'ai essayé de quitter plusieurs fois le bronze parce que la vie vous amène à découvrir d'autres choses et par curiosité. J’ai, donc, un peu taillé la pierre, travaillé des résines. J’ai tenté plusieurs choses et je ne saurais pas forcément l'expliquer, mais le bronze est toujours revenu à moi, ou il s'est souvent imposé à moi. Dans certaines situations où les choix devaient pouvoir me permettre de choisir une voie différente, le bronze s'est totalement imposé. À chaque fois, j'ai enchainé de nouvelles aventures, de nouvelles rencontres et le bronze qui était là et qui était là. En fait, je suis ravi et je m'y plais énormément.»

Mobilier, luminaires, bonzaïs, bijoux, Pierre Salagnac fait émerger l’objet depuis la matière. Son processus créatif prône l’abandon du geste. «Être sur l'écoute de la matière, qui elle, par sa vibration, va donner des informations aux outils. Les formes naturellement vont commencer à se sculpter. La forme qui va en sortir va être beaucoup plus naturelle que si j'avais essayé de contrôler ou essayer de maîtriser. Derrière, il y a beaucoup de techniques, parce que ce sont des pièces néanmoins compliquées à réaliser, mais il faut absolument que la technique ne soit pas le guide sur le geste et l'exécution parce que sinon nous perdons complètement le côté naturel.»

«C'est une expérimentation que j'ai commencé à faire il y a dix ans quand j'ai fait mon premier bonsaï, je me suis rendu compte que les formes qui naissaient de cette méthode m'apportaient beaucoup plus de poésie et d'élégance et même de surprise que d’autres pièces. Il y a une pièce, au fond de l'atelier, que je garde en souvenir du "n'oublie pas que ce n'est pas toi qui contrôle les formes". Les formes dans la volonté, la maîtrise ne sont pas justes, elles sont pauvres. Pour moi, c'est une voie sans issue.»

Après plus de vingt ans au sein des plus grands ateliers de bronze en France, et fort de cet apprentissage, Pierre Salagnac se lance en autonome, en 2019. Pour ce sculpteur bronzier d’art, il y a plusieurs façons de travailler le bronze. «Notre métier, c'est de faire des pièces montables-démontables, donc, pérennes puisqu'on peut les restaurer, à souhait. C'est la particularité de nos métiers, de fabriquer des objets qui puissent se démonter pour pouvoir être restaurés. Le bonsaï que je fais, toutes les feuilles sont vissées une à une avec un pas de vis type d'horlogerie qui sont des techniques plutôt délicates parce que la matière s'y prête assez difficilement. Il y a beaucoup de casse et c'est assez méticuleux. En termes de technique, les pièces sont totalement démontables, ce qui permet de faire les feuilles en or et le tronc d'une autre couleur en patine à chaud ».

«J’ai utilisé plusieurs techniques comme la ciselure pour révéler toutes les formes en sculpture. Je vais utiliser beaucoup le chalumeau pour faire des brasures, pour faire des soudures, pour faire des cintrages. Parfois, je vais utiliser des fraises qui vont me permettre d'aller sculpter dans la matière et aller chercher justement la forme qui est cachée dedans. Je vais pouvoir utiliser aussi après tous les traitements de surface comme la dépose d'or, la dépose d'argent et les patines à chaud qui vont me permettre d'avoir différentes couleurs et pouvoir jouer un petit peu sur les styles des pièces finies».

Adepte du bronze poli, Pierre Salagnac nous dévoile cette technique. «Je n'applique pas de vernis, je n'applique pas de dorure, je ne le recouvre pas. Aujourd'hui très très dangereux parce que la fonte a beaucoup évolué d'un point de vue des normes. À une époque, il y avait du plomb dans la fonte, plus maintenant. Ce qui fait que la fonte coule beaucoup moins qu'avant, elle est moins liquide, plus visqueuse et donc elle a de ce fait beaucoup de défauts qui ressortent. Les fontes sont piquées, c'est-à-dire qu'il y a des bulles d'air emprisonné dans la fonte, cela fait comme un gruyère. Aujourd'hui, c’est rebouché et puis il y a un revêtement par-dessus, une finition qui refait une enveloppe.»

«Moi, je prends le parti du polissage, je les polis miroir et les pièces sont brutes. Le bronze a la même possibilité qu'une planche de bois non vernie, celle de prendre la lumière, de vieillir, cette couleur qui va aller vers une sorte de maturité et donner du relief, de la vie. Cela se nettoie. J’'aime beaucoup l'empreinte de la vie sur la matière.»

Il n’y a pas d’âge pour découvrir les métiers d’art, l’atelier de Pierre Salagnac participe aux journées européennes des métiers d’art, les JEMA, car former les mains de demain est essentiel pour que les savoirs faire ne tombent pas dans l’oubli. «La mission que nous avons en tant qu'artisan, en tout cas, dans nos métiers plutôt rares. Notre mission, c'est n’est pas seulement de faire bien notre travail, c'est aussi de le transmettre. L'enseignement continue à se faire à l'école. Forcément, les élèves ressortent de l'école avec des bagages que n'auront pas d'autres élèves qui viendraient sûrement après le bac ou qui auraient moins de temps pour cette formation.»

«J'ose espérer pendant les JEMA la présence de parents. J'aurai mon fils de onze ans qui sera là, qui montrera aux gens qu'il sait sculpter aussi le métal et que tout le monde peut le faire. Il suffit de s'y mettre. J'espère qu'il y aura des parents qui pourront se dire "tiens, mon enfant pourrait suivre cette formation pour apprendre à travailler de ses mains" et peut-être même des enfants. Aux JEMA, je fais passer les jeunes devant l'établi, ils essayent de sculpter. Il se passe plein de choses vu que l'enfant n'est pas du tout dans la technique. Ils font des formes superbes parce qu’ils ne peuvent qu'être à l'écoute de la matière et cela marche très bien.»

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Tissage de Séquanie, les créations textiles de Guillaume Millot

7m · Published 30 Mar 23:19

Guillaume Millot est un véritable passionné du textile. Avec sa marque Tissage de Séquanie, il crée des rideaux, voilages, linge de table, plaids, vêtements ou panneaux muraux. La technique du damassé, qu’il maitrise parfaitement, lui permet de créer des tableaux. La matière lui dicte ses créations textiles et sa matière préférée est la laine. Ses œuvres proposent une perception différente en fonction de la distance du spectateur.

Fabriquées en France, elles s’inscrivent dans un circuit de développement durable et sont à son image: simples, élégantes et visuelles. « La création et la créativité, c’est ce qui me réveille le matin et c'est ce qui me berce le soir avant de m'endormir. La créativité fait partie de mon ADN», nous dit Guillaume Millot, artisan tisserand, artiste textile, designer textile et fondateur de Tissage de Séquanie. «La Séquanie, c’était la terre de la tribu des Séquanes ce qui correspond aujourd'hui à l'actuelle Franche-Comté. Il y a aussi ce clin d'œil au tisserand qui m'a enseigné, m'a appris les gestes de base et dont l'entreprise s'appelait “Tissage de Cornouaille”, je trouvais que c'était un petit clin d'œil sympa pour le remercier de m'avoir transmis une partie de son savoir-faire », ajoute-t-il.

Guillaume Millot est né dans une famille d’agriculteurs. Il a grandi à la ferme et a mis les mains dans la matière très jeune. La nature, les animaux ont toujours fait partie de sa vie et le gout du textile lui vient très tôt, sa fibre artistique s’affirme aussi à travers le dessin, la peinture, la gravure, la couture et le tricot. Polytechnicien de formation, ingénieur des Eaux et Forêts. Il exerce pendant 15 ans dans l’aménagement et le développement du territoire en accompagnant des projets notamment dans la valorisation des métiers d’art.

Sa reconversion comme tisserand d’art lui tombe dessus par le biais d’une rencontre : «Au départ, j'essayais d'apprendre à filer avec un rouet. La personne qui vendait des rouets vendait aussi des métiers à tisser et son mari m'a mis entre les mains un livre de tissage. Je suis reparti avec une espèce de bible sous le bras, sans métier à tisser, sans rouet, mais avec des images recueillies dans un livre où j'ai vu tout ce que l'infinie diversité qu'offrait le tissage. Et je me suis dit “si je vais dans cette voie, je ne vais pas m'ennuyer”, parce que j'arriverai à ne jamais faire deux fois la même chose." ».

Trois jours après, j’étais à la recherche d’un métier à tisser d'occasion. J'en ai trouvé un en Bretagne, à l'autre bout de la France qui m'a attendu sagement le temps que nous soyons déconfinés. La personne qui vendait ce métier à tisser en Bretagne était un tisserand professionnel, lui-même reconverti. J’ai pris une semaine de vacances en Bretagne entre deux confinements où j'ai appris à tisser. Je suis revenu avec un métier en pièces détachées dans le coffre que j'ai remonté en arrivant à la maison à 11h du soir. À minuit, il était remonté, prêt à tisser.»

Coton, lin ou laine, ce tisserand d’art explore la matière pour repousser les limites du savoir-faire et des motifs créés. Sa fibre artistique rencontre aussi une matière : la laine, qui produit différents effets et qui est l’un des fils que Guillaume Millot aime tisser. «Elle a des propriétés très nombreuses et très variées, nous pouvons créer des effets de texture, des effets de brillance assez intéressants », dit-il.

« Avec la laine, nous pouvons plus ou moins la feutrer, lui donner plus d'épaisseur, de souplesse ou de rigidité. Entre un tapis qui va être assez compact, assez dense ou une étole assez vaporeuse, je peux vraiment avoir des effets très différents avec la laine. C'est une matière qui ouvre une infinité et un champ infini de possibilités. Ce qui me convient car je suis quelqu'un de très curieux et qui n'aime pas forcément faire deux fois la même chose. Pour moi, c'est la fibre reine, comme toutes les fibres, elle a son petit tempérament. C'est une fibre qui ne supporte pas la violence. C'est une fibre qui doit être travaillé avec beaucoup de douceur, sauf dans le cas où on veut faire du tapis, auquel cas on prendra une laine un petit peu plus, un petit peu plus forte pour la tasser un peu plus fort. Mais pour garder la souplesse d’une étoffe, sa fluidité, je ne peux pas tasser la laine de manière démesurée. Il faut toujours la caresser plus que la tasser. La laine, est une fibre douce qu'il faut travailler avec douceur.»

Le métier de Guillaume Millot exige une grande discipline, c’est un travail très physique qui dépend de la taille des métiers à tisser, de la matière et de la dimension de la pièce réalisée. «Je tisse en général entre 1.20 et 1.80 mètre. Sur des grandes largeurs, cela commence à être physique. Après, sur du tapis ou sur du lin, oui, c’est un travail très physique. Pour un grand plaid, tout dépend si je le produis en petite série ou si je le fais en pièce unique. Pour un plaid de 140 cm par 180 cm, si je le fais à l'unité, il faudra à peu près 15h de travail. L'intérêt de le faire en petite série, c'est-à-dire de monter une seule chaîne sur le métier pour faire cinq ou six plaids derrière, le temps de travail passe à 5 ou 6h de travail par plaid.

Au-delà, de l'économie de temps et de proposer des pièces qui sont financièrement plus abordables, j’évite aussi énormément de gaspillage. Rapporté à un plaid, ce gaspillage est potentiellement à hauteur de 15% et je trouve que sur une pièce gaspillée, 15% de la matière, c'est ne pas respecter le travail de tous ceux qui sont passés avant, le travail de l'éleveur qui a pris soin de ses brebis, le travail des trieurs qui ont fait le tri des toisons ou encore du filateur ou du teinturier. Pour moi, c'est important de valoriser au maximum le travail de ceux qui sont avant moi dans la filière. C'est pour cela aussi que je préfère travailler par petites séries.»

L’atelier de tissage de Séquanie, est ouvert à la visite. Guillaume Millot aime créer du lien humain. Plus qu’un métier, être tisserand, c'est une philosophie, du développement durable et une fabrication française. Un artisanat local pour un développement local.«Très clairement, cela a été un choix assumé dès le lancement de mon entreprise. Mon entreprise et mon atelier pourraient être visités par les touristes de passage et contribuer aussi au rayonnement touristique de la région dans laquelle je suis implanté. Cela commence à se vérifier puisque j'ai régulièrement des appels de gens qui m'appellent en me disant “nous sommes de passage dans la région, est-ce que nous pouvons venir visiter l'atelier ? Nous ne sommes pas très loin de chez vous, est-ce que nous pouvons venir jeter un coup d'œil ?” Et puis, j'ai développé des savoir-faire très rare, unique en France, mais peut-être même unique sur la planète. Je commence à avoir des stagiaires qui viennent d'un peu loin pour se former chez moi parce qu'ils trouvent chez moi des techniques qui n'existent nulle part ailleurs. Oui, cela fait venir du monde, il y a des retombées chez les hébergeurs touristiques, il y a des retombées chez les commerces locaux parce que ce sont des gens qui, pendant une semaine, vont consommer local.»

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Avec JL’O Design de Juliette Ouedraogo, tout est dans le détail

5m · Published 23 Mar 23:27

À Lomé, le Togocom Fimo 228, le Festival international de la mode au Togo, vient d’achever sa onzième édition. Porté par le créateur Jacques Logoh, ce festival est dédié aux talents d'Afrique, de sa diaspora et internationaux. Nous y avons rencontré Juliette Ouedraogo, styliste du Burkina Faso qui avec sa marque JL’O Design est devenue une référence dans le milieu de la mode de son pays. La créatrice transforme les tissus en œuvres d'art portées par des personnes du monde entier.

Je ne sais pas ce que je ferais si un jour j'arrêtais de travailler dans la mode, par exemple si je prenais une retraite anticipée. Je ne sais pas ce que je ferais. J'ai besoin de cela.

Juliette Ouedraogo, styliste et créatrice de JL’O Design.

« Premièrement, cela s'appelait le design de la vie. Ensuite, cela s'est transformé en JL’O Design parce que je voulais vraiment faire une marque qui porte mon nom, avec les initiales de mon nom.»

Originaire du Burkina Faso, Juliette Ouedraogo suit un cursus scientifique avec un baccalauréat option sciences biologie, mais sa passion, c’est déjà la mode. Elle bataille très fort avec son père pour qu’il accepte qu’elle s’oriente vers des études de mode. Elle arrive à Lyon où son apprentissage est intense, trois ans d’études où elle fusionne les cours de modélisme et ceux de stylisme.

Après l’obtention de son diplôme, elle enchaîne une autre formation sélective sur Paris, un Master en créateur couture. Elle rentre au Burkina Faso après une absence de six ans, et se lance dans l’industrie de la mode. Elle crée sa marque JL’O Design en 2012, en lui donnant un ADN très reconnaissable.

« Je travaille à respecter le corps de la femme, pour lui donner une certaine aisance dans le vêtement. Beaucoup de femmes, quand elles commencent à porter mes vêtements, elles se sentent beaucoup plus attirantes. Elles disent “Ah oui, quand j'arrive quelque part, j'ai confiance en moi.” Elles arrivent à avoir de l'amour pour elles-mêmes et à partir de cet amour qu'elles ont pour elles-mêmes, quand elles se voient dans le miroir, elles arrivent aussi à transmettre de l'amour, de la confiance et de la bonne humeur. »

« Je travaille vraiment sur le détail, par exemple sur ce chemisier-là, que je porte le détail du col. C'est quelque chose qui ne se fait pas tout le temps, surtout en Afrique. C'est un sourcing que j'ai fait jusqu'à Taïwan pour le ramener au Burkina pour des chemisiers mixés avec des motifs africains. Mes vêtements, quand les gens les voient dans la rue: “Ah oui, c'est du JL’O Design. C'est le détail qui m'a attiré”. Je suis prête à parcourir le monde pour aller chercher des petits accessoires qui vont justement faire la différence. »

Métissage culturel

Avec sa marque, Juliette Ouedraogo conçoit des collections pour homme, femme et enfant, mais ce qui attire surtout cette styliste burkinabè, c’est le métissage culturel et la réalisation d’une mode sans frontières et sans limites.

« La mode n'a pas de frontière. L'inspiration n'a pas de frontière. Quand j'étais étudiante, j'ai travaillé avec beaucoup de bureaux de style et j'ai parcouru beaucoup de salons. J'ai toujours été inspirée par les chasseurs de tendances qui parcourent le monde entier à la recherche souvent de petits détails pour annoncer une collection qui va se faire dans trois, quatre ans. »

« Je me dis qu'il n'y a pas à se limiter en se disant que je viens du Burkina Faso, il faut que je travaille uniquement le coco Dina, le pagne tissé. Demain, je peux travailler, par exemple, le Kente ou faire une collection purement japonaise. Je me dis que je n'ai pas le droit de me limiter parce que la mode n'a pas de frontières. Je respecte quand même un certain style que les gens arrivent à reconnaître. »

Pour le Togocom Fimo228 et sa 11e édition, Juliette Ouedraogo a présenté une collection intitulée Doll, un hommage aux femmes des temps modernes.

« C’est une collection de la femme poupée. La femme poupée et en même temps la femme active qui a ce côté combatif. Et en même temps, elle a envie d'avoir ce côté bébé, ce côté poupée, elle a envie d’être cajolée un peu, elle a envie que quand elle rentre le soir avec son sac à main, de retrouver une certaine douceur, de se retrouver dans des vêtements plus soyeux, vaporeux, douillets. »

« Parce que quand elle va en réunion, quand elle est sur le terrain, elle ne peut pas se permettre de mettre des vêtements avec des strass, des petites plumes! Non. Sur ces vêtements, c'est une combinaison de deux univers, et en même temps, je profite de cette collection pour mettre en valeur le coco Dina du Burkina Faso. C'est une matière tissée par valeureuses femmes et je profite de mettre ces matières en valeur avec l'ajout de la couleur rose. »

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La plumasserie, de l’artisanat à l’art, par Julien Vermeulen et sa Maison

3m · Published 16 Mar 23:35

Julien Vermeulen est plumassier. Ilse veut le gardien d’un patrimoine qu’il aime faire évoluer et transmettre.La MaisonVermeuleninnovedans l’art de la transformation de la plume. Sa maîtrise permetson expressionsur des projetsen haute couture, joaillerie, maiségalementen décoration.Chaussures, sacs, montres, robes ou tableaux, Julien Vermeulen travaille la plume sans limites. Pour cet artiste-artisan,la plumeestune matière étonnante qui fait vibrer lesémotions.

Rediffusion 28/03/2021

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Aura, l'atelier infiniment créatif de verre églomisé de Marie Roux

5m · Published 09 Mar 23:15

 L’atelier Aura ce sont les créations en verre églomisé de Marie Roux. Le verre églomisé est une technique de dorure sur verre qui date de l’Antiquité. Ces œuvres sont entièrement façonnés à la main. Marie Roux crée et sublime des objets de décoration d’intérieur ainsi que des objets du quotidien. Elle unit la lumière et l’éclat de la feuille d’or à la transparence du verre afin de créer des objets uniques.

La technique du verre églomisé permet des décors sur tout type de verre pour des portes vitrées, du mobilier, des vases, des verres à vin ou des carafes. Animée par la passion, Marie Roux réinvente une technique ancestrale et rare. Les artisans d’art qui la maitrisent se compte sur les doigts d’une main et Marie Roux en fait partie. Elle recherche l’harmonie entre tradition et créativité.

C'est presque un enjeu, aujourd'hui, de pouvoir s'exprimer, de pouvoir exprimer des choses qui sont importantes liées à l'environnement, etc. Puis, l'avantage de pouvoir avoir un métier qui nous permet de créer, c'est que nous avons la possibilité de pouvoir nous exprimer un peu comme nous le sentons, et c'est génial.

Marie Roux, artisane d’art en verre églomisé et fondatrice de l’atelier Aura.«Aura, je voulais que ce soit un nom qui soit assez représentatif de quelque chose qui aille au-delà. Au-delà de ce que nous pouvons voir, de ce qui est palpable. Je voulais qu'il y ait une dimension un peu ésotérique pour montrer que finalement, la magie n'est pas que dans ce qui peut s’observer assez rapidement.»

Née à Besançon dans l’est de la France, Marie Roux grandit en Alsace. Sa sensibilité l’a conduit vers les métiers de la restauration conservation du patrimoine. Elle fait donc ses études dans une école d’art avec une spécialisation en restauration conservation des peintures. Elle se forme en parallèle chez un artisan d’art à la dorure. Marie Roux acquiert les deux aspects de la restauration: peinture et dorure. Ensuite, elle se spécialise dans le verre églomisé.

Ce savoir-faire ancestral consiste à fixer une feuille métallique: or, argent ou cuivre, sur le verre puis à la graver, le décor ainsi créé peut-être encore rehaussé avec de la peinture ou d’autres matériaux.En 2011, Marie Roux fonde son atelier Aura, un atelier spécialisé dans la restauration d’œuvres d’art et la création de verre églomisé. Une technique d’artisanat d’art avec un champ de possibilité presque infini.«Il faut savoir que c'est une technique d'artisanat d'art qui date de l'Antiquité qui est apparue dans l'art chrétien, notamment pour des objets de liturgie, elle est tombée en désuétude pendant pas mal de siècles, puis elle est réapparue en période de renaissance. Elle a été remise au goût du jour au XVIIIᵉ siècle par un Monsieur Glomy qui en a profité pour donner son nom au process. Il travaillait pour la Cour du roi et principalement pour tout ce qui était encadrement. La technique en elle-même consiste, depuis l'Antiquité en tout cas, à fixer de la feuille d'or sur le verre, à venir graver la feuille d'or pour définir un motif, quel qu'il soit, ensuite le rehausser à la peinture.»

«Maintenant, d'un point de vue plus moderne, nous allons pouvoir le mélanger avec d'autres techniques de dorure, avec de la nacre, des jeux de transparence, avec des placages d'autres couleurs de feuilles d'or, ou alors des placages de verre. Nous avons plein de possibilités. J'aime beaucoup cette technique, sa richesse qui nous permet de pouvoir travailler aussi bien de la décoration, de l'architecture, des petits objets ou des œuvres d'art. Nous avons très peu de limites et c'est cela qui est très très intéressant.»

Marie Roux avec son atelier Aura souhaite faire perdurer ce procédé traditionnel presque disparu aujourd’hui, en proposant un travail d’artisanat d’art qui se réinvente.«​​​​​​​Moi, j'aime beaucoup les défis. Je me suis spécialisée quand j'étais restauratrice sur les tableaux du 17ᵉ et 18ᵉ siècles. J'aime beaucoup travailler l'ultra réalisme ou des choses très pointues, très pointilleuses, en mêlant des techniques, en ayant quelque chose qui prend finalement énormément de temps, mais qui me permet d'avoir un résultat qui est très fin. C'est ma marque de fabrique: la finesse de la dorure dans tous les cas, nous l’avons de par la technique. Mon idée, c'est de pouvoir arriver à donner vie aux objets que je crée, d’avoir cet effet avec des contrastes qui vont permettre de donner l'illusion qu’un oiseau puisse s'envoler, qu'un détail puisse apparaître et disparaître.»

«Nous sommes très peu à travailler la technique en France, malheureusement. Chaque produit est fait intégralement à la main, de la pose de la feuille d'or à la finition, naturellement cela le rend unique. Les défauts aussi rendent chaque produit unique et c'est cela qui me plaît et ce que j’aime dans ces techniques d'artisanat d'art, c'est que finalement, nous ne cherchons pas à avoir quelque chose de complètement lisse, complètement linéaire. Nous allons chercher à jouer avec les défauts. Cela rend les choses particulièrement intéressantes.»

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Valette Studio, les collections du plaisir de Pierre-François Valette

6m · Published 02 Mar 23:12

Designer de Valette Studio, Pierre-François Valette à soif de liberté et d’indépendance, il lance sa marque en 2020. Celle-ci évolue autour du tailleur. Un tailleur revisité et non-genré. Un vestiaire réinterprété qui incarne l’harmonie entre la tradition de la Haute Couture et la création contemporaine. Les vêtements de Valette Studio sont faciles à porter et dans l’air du temps. Ils s’inscrivent dans une démarche écoresponsable et sont fabriqués à Paris.

Valette Studio et son créateur sont présents au salon Première Classe, le salon de la mode de demain, au Jardin des Tuileries à Paris jusqu’au 4 mars.

C'est thérapeutique pour moi de créer. J’en ai besoin, cela m'allège, me permet de rêver. C'est comme un médicament! Dans la création, j'ai toujours imaginé qu'il y avait quelque chose d'assez égocentrique, c'est à dire que l'idée, je la cultive moi- même, je me fais la petite histoire, après je vais la communiquer au mannequin, je vais l’habiller et lui dire comment faire pour communiquer l'idée. Mais après l'idée, elle part. Je trouve cela agréable. Et moi j'adore avoir les retours, c'est cela aussi qui me nourrit.

Pierre-François Valette, designer et créateur de Valette Studio

«Je m'appelle Pierre-François Valette, donc je ne voulais pas faire Pierre-François Valette. Je pense que j'avais une personnalité assez forte. Déjà, les gens pensaient que je voulais tout m'accaparer. Je voyais surtout cela plutôt comme un collectif. Je voulais décrire l'idée d'un groupe. Valette Studio c'est un peu comme une maison de couture. C'est un groupe de création parce que je pense qu'il faut beaucoup d'énergie. C'était l'idée derrière le nom de la marque.»

Né en Normandie, à Caen, dans le nord de la France, d’un père normand et d’une mère italienne pied-noir, dans la maison de Pierre-François Valette le travail et la liberté sont des valeurs familiales. Enfant, il intègre la maîtrise de Caen, une chorale de jeunes garçons, il y apprend la discipline et la rigueur. C’est aussi son premier contact avec le milieu artistique. Après son baccalauréat scientifique, bon élève, Pierre-François Valette intègre la faculté de médecine, puis celle de droit et finalement il se tourne vers la mode à l’École de la chambre syndicale de la Haute Couture. Son attirance pour les costumes, sa soif d’apprendre, la chance, le temps et les rencontres lui permettent de lancer, en 2020, Valette Studio. Ce jeune créateur aime développer le tailleur en allure globaleC'était le tailleur décontracté pour se projeter dedans, courir dans le métro avec son portable sans regarder si nous allons rentrer dans quelqu'un. C'est la vie. Ce qui était compliqué, c'est que cela fait très vite beaucoup de tissus. Pour ne pas étouffer j'ai toujours mixé cela avec la peau des corps nus.»

«Et puis des matières très très légères, des matières floues. Je suis content parce que dans la dernière collection, nous présentions des modèles flous, des T-shirts flous. Il y avait un tailleur en laine par exemple, ou des jerseys très fins qui tombent sur l'épaule. Mais c'est quand même des basiques du vestiaire masculin. C'est contradictoire, mais finalement, de toute façon, j'ai toujours fait les choses dans les contradictions.»

Pierre-François Valette inscrit le vêtement au cœur de son processus créatif.«Nous déterminons des silhouettes en toile et ensuite, elles se déclinent en tissus. C'est vraiment l'allure qui m'intéresse. J'ai fait des collections sur David Bowie, Andy Warhol, une collection sur Françoise Sagan. Quand nous pensons à Françoise Sagan je ne pense pas que nous pensons directement à son look. Mais le look veut beaucoup dire. Quand nous nous rappelons des grandes périodes de l'histoire, nous nous souvenons comment les gens s'habillent. Si je vous dis Louis XIV, vous pensez à quoi ? Versailles, les perruques ou le talon rouge ? Je fais aussi le vêtement parce que cela incarne quelque chose.»

«Je fais beaucoup de recherches d'images. Je dessine très peu, je fais des dossiers d'images et ensuite nous développons immédiatement les toiles en 3D. Moi j'aime la mode, mais j'aime surtout le vêtement. C'est le vêtement qui m'intéresse. Alors le fashion show fait partie du vêtement parce que nous habillons les gens, présentons le vêtement. Mais je fais cela surtout pour le travail du vêtement, comment nous le développons, comment il est fait. Moi, ce que j'aime, c'est le vêtement. Tous les vêtements Valette Studio, toutes les collections sont faites à Paris. Les productions sont faites le plus possible en France, sauf les cuirs, broderies, etc... Il y a beaucoup de choses qui sont partis de France, donc c'est compliqué à un prix accessible.»

«Parfois nous sommes un peu contraints, mais moi j'essaie toujours de me battre pour ne pas être trop contraint. Le vêtement, c'est le vêtement, comment il accompagne la vie. Moi, le Valette Studio, c'est un vestiaire complet. Je n’ai pas décidé de faire une marque mono-produit de chemises, manteaus, pantalons ou de sous-vêtements. J'ai tout de suite fait un vestiaire complet. Ce qui m'intéressait, c'était l'attitude. Plus que chaque vêtement produit.»

Les collections Valette Studio sont fabriquées à Paris, écoresponsables et non-genrés mais ce qui intéresse Pierre-François Valette, c’est la construction du vêtement.«Il y a beaucoup de gens qui disent je fais du non-genré et qui font des robes. Moi, je voulais faire du non genré dans la construction du vêtement. C'est-à-dire que dans la collection, nous avons deux vestes, une pour homme et une pour femme. Pour la femme je n’ai pas fait une veste homme plus petite. Pour aller sur la femme c'est complètement différent. C'est comme un tailleur Saint Laurent, nous avons l'impression que c'est le pantalon de monsieur mais pas du tout! Il est tracé pour avoir l'idée que c'est le pantalon de monsieur, mais c'est vraiment un pantalon pour madame.»

«​​​​​​​Je voulais vraiment faire une collection non-genré sur la technique du vêtement et pas tomber dans la robe. Oui, les hommes peuvent mettre des robes actuellement. Moi si je mets des robes à vendre pour les hommes, je suis sûre que je ne vais pas en vendre beaucoup! Ce que je voulais faire c'était du non genré sur la technique du vêtement.»

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