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100 % création

by RFI

Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100% création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53,6h52 et 12h54 TUvers toutes cibles. (Heure de Paris = TU + 2 en été).

Copyright: France Médias Monde

Episodes

Benjamin Juillard: l’or au bout du pinceau

4m · Published 27 Aug 04:58

100% création prend ses quartiers d’été à Sèvres : focus sur les métiers d’art.  Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Benjamin Juillard, doreur fileur.À l’atelier de filage dorure, on réalise à partir d’or, platine, argent ou de couleurs, au pinceau et à main levée tous les éléments de décoration sur les œuvres et pièces produites par la Manufacture de Sèvres. Le métal précieux le plus utilisé est l’or pur 24 carats. Cette étape est indissociable des décors de la Manufacture de Sèvres.

Je viens souligner certains traits de chacune des pièces avec des couleurs, du platine ou de l'or.

 Benjamin Juillard, doreur fileur 

L'or qui est sur ma palette est de couleur marron. Je mélange de l'or en poudre avec un or liquide et cet or liquide contient des huiles essentielles et lors de la cuisson, toutes les huiles essentielles, y compris l'huile essentielle de lavande que j'ajoute par la suite, vont s'évaporer. Il ne restera que de l'or en poudre sur la pièce."

«Nous cuisons les pièces entre 600 et 850 degrés. Si je fais un mélange qui est trop gras en mettant, par exemple, trop d'huile essentielle de lavande, cela va fuser. Au lieu de faire quelque chose de fin, cela va s'épaissir. Cela peut aussi faire des dégoulinures, si c'est à l'horizontale et au niveau des surépaisseurs si je fais un mélange qui est un peu trop consistant malheureusement à la cuisson, cela risque de sauter, c'est à dire que l'or va être en bloc à un endroit et va faire sauter l’émail et il faudra recommencer au début.»

Né à Versailles, il découvre la céramique vers 10 ans. Dans son cursus de formation, il fait un bref stage à la Manufacture de Sèvres. Après, avoir obtenu son diplôme national des métiers d’art et du design en céramique et numérique, il arrive à la Manufacture de Sèvres, en 2021 à la suite de l’obtention du concours d’entrée. Ici, le travail se fait à main levée d’après un modèle ou suivant les indications d’un artiste pour une œuvre contemporaine. Ce métier de patience et de rigueur permet de monter en compétences et d’apprendre tout au long de sa carrière. «La première année, c'est essentiellement une année de stage où nous allons apprendre le métier. Nous allons travailler, d'abord, avec des couleurs comme des gammes avec des filets sur différentes pièces. Puis nous allons complexifier les exercices pour ensuite passer sur des tasses, faire des garnitures sur des anses. Et une fois que nous aurons fait tout un panel de pièces, nous allons pouvoir passer à de vraies commandes et passer à l’or surtout.»

Pour réaliser les filets on utilise un pinceau biseauté dit « à sifflet », qui permet d’avoir une grande réserve d’or, d’argent, de peinture ou platine afin de poser les filets.  «J'utilise essentiellement un pinceau sifflet qui me permet de faire tous les filets. J'utilise de l'or. C'est ce que j'utilise quasiment tous les jours, en poudre, de l'or liquide et je viens le mélanger avec de l'huile essentielle de lavande. J'ai ma palette sur laquelle, avec mon couteau, je fais mes mélanges, mes préparations. Il faut savoir que l'or, quand il arrive à la Manufacture, il est sous forme de lingot. Il va être traité dans un laboratoire au sein même de la Manufacture. Ensuite, il va falloir le préparer avec un fondant, une matière qui va permettre de fixer l'or sur les pièces pendant la cuisson. Tout cela, nous devons le faire dans l'atelier. Il y a des proportions à respecter, il ne faut pas se tromper. Les dosages sont définis par rapport à la forme de la pièce, de la pâte de la pièce et aussi à son décor. Nous allons faire différents dosages de fondants et nous allons même le changer en fonction de ce que nous voulons.»

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Océane Vauclin-Dupuit: peindre à la manière de Sèvres

6m · Published 20 Aug 05:35

Pinceaux et couleurs sont les instruments essentiels du peintre. En fonctions des demandes, les techniques sont différentes et le peintre doit en maitriser un grand nombre même s’il peut avoir une sensibilité plus grande pour une technique ou un siècle. Un métier minutieux, patient, sensible et résilient vers lequel une nouvelle génération s’oriente. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous avec Océane Vauclin-Dupuit

Sèvres apprend à repartir de l'histoire, des bases, des gestes pour développer sa sensibilité à la peinture et à toute autre pratique. 

Océane Vauclin-Dupuit, est apprentie peintre : « La création, j'ai tendance à l'envisager d'un point de vue historique. J’ai souvent essayé de créer à partir d'éléments historiques ou littéraires, à partir de livres ou de nouvelles ou de poésies. Je pense que, inconsciemment, et là, je suis en train de me rendre compte, que le fait de pouvoir peindre à la manière d'un siècle, ce que nous retrouvons à Sèvres, cela m'a touché, cela alliait mon appétence pour l'histoire de l'art et même des tableaux en littérature. Il y a toute cette symphonie, en quelque sorte, d'un siècle, d'un mouvement, d'un esprit à travers le geste tel que nous l'apprenons à Sèvres. »

Née au Pays basque, elle grandit en Savoie, Bretagne et dans l’est de la France à Strasbourg.  Elle a fait des études théoriques avec un baccalauréat S mais a toujours eu envie de se tourner vers l’artisanat. Bonne élève, elle fait une classe préparatoire littéraire spécialité histoire de l’art, entre Annecy et Strasbourg. Océane Vauclin-Dupuit a hésité entre un métier dans la restauration du patrimoine et une formation à l’école de Sèvres. Quand elle découvre le musée de Sèvres, elle n’hésite plus. Elle s’inscrit à l’école de Sèvres, obtient son brevet des métiers d’art. Elle est aujourd’hui peintre apprentie à la Manufacture de Sèvres. Pour Océane Vauclin-Dupuit, la Manufacture de Sèvres fait le lien entre le passé et le présent. Cette bulle hors du temps a une énergie bien présente : « Le cadre dans lequel nous travaillons, le lieu en tant que tel, tous les objets et le mobilier qui nous entoure reste un témoin historique. Par exemple, les bureaux sur lesquels nous travaillons sont assez spécifiques. Ils sont munis d'une banquette, une sorte de plaque qui s'avance pour reposer le bras, quand on peint. »

« Ce sont des bureaux qui ont été créés au XVIIIe siècle et que nous nous transmettons de peintre en peintre. Idem pour les grands fours. Four à bois restaurés il y a quelques années pour les faire re-fonctionner tel qu'ils fonctionnaient à l'époque. Tout le bâtiment et l'énergie qui s'en dégage à travers les différents ateliers reste une bulle hors du temps et en même temps sans cesse en renouvellement puisque nous faisons venir des artistes contemporains. Cette confrontation de choc et de mélange est très enrichissante à vivre au quotidien. »

Le passage en cuisson de la porcelaine ajoute à la main de l’artisan d’art, forcément, une touche d’incertitude, d’inattendu : « J'ai pu, avec la réalisation de mon projet, découvrir la peinture de grand feu. C’est quelque chose qui m'a beaucoup marquée, qui me correspond plus dans le sens où il y a beaucoup d'aléatoire dans ces peintures-là, qui cuisent à très haute température. Nous ne pouvons anticiper ce qui va se passer. »

« Des fois, dans le four, il y a une part d'inconnu et c'est justement cette révélation-là qui donne des effets assez incroyables sans qu'on l'ait anticipé ou prévu. C’est aussi ce pourquoi je me suis orientée vers la céramique. C'est ce passage à la cuisson qui ajoute à la main de l'artisan ou de l'artiste quelque chose à la fois de naturel, puisque c'est l'épreuve du feu, et en même temps, c'est quelque chose qui se rajoute au geste de la main et à la création artistique. »

Chaque peintre à la manufacture de Sèvres doit être capable de tout maîtriser, mais chacun a sa sensibilité artistique. Pour Océane Vauclin-Dupuit, c’est une sensibilité à la couleur : « Depuis toute petite en fait, j'ai une sensibilité à la couleur. Tout est rangé par couleur chez moi. Pendant notre formation, nous créons une palette. Chaque peintre fait sa propre palette avec toutes les couleurs de Sèvres, il y en a une petite centaine et c'est à ce moment-là que nous allons appréhender à la fois la texture de toutes les couleurs qui sont fabriquées au sein de la Manufacture parce qu'elles ont des textures différentes, et le changement de teinte qu'elle opère à la cuisson. »

« Sentir les différentes matières et les différentes teintes, cela nous donne le résultat après cuisson. Quand nous faisons des mélanges, nous refaisons des petites palettes de recherche sur des assiettes d'essais. Nous notons les quantités de mélange, nous pesons nos couleurs, nos mélanges et nous notons tout. Ensuite, tout est cuit avant de commencer la pièce finale pour pouvoir anticiper au mieux ce que cela va donner. »

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Dessiner et imprimer sur de la porcelaine avec Camille Bé-Dreux

5m · Published 13 Aug 08:09

Aujourd’hui, l’atelier d’impression d’art. Cet atelier en regroupe plusieurs : l’atelier gravure, l’atelier de décalquage et l’atelier offset où nous reçoit Camille Bé-Dreux. Ici, le dessinateur-imprimeur de lithographie sur plaque imprime des motifs sur les pièces à décorer. L'impression se fait par couches de couleur, chaque couleur nécessitant de répéter chaque étape du processus. Un métier où l’on apprend son savoir-faire, où on l’approfondit et l’enrichit au fur et à mesure.

Nous ne sommes pas des artistes-auteurs, nous sommes des artisans d'art mais au service de toutes ces œuvres. Nous voyageons dans le temps, les époques et dans les pays à travers ce que nous faisons.

Camille Bé-Dreux est la responsable de l’atelier d’impression d’art. Très jeune, elle est attirée par la couleur, le dessin et suit les ateliers des Beaux-Arts d’Angers pour enfants. Elle obtient son baccalauréat Arts appliqués, poursuit son cursus de communication graphique avec cinq ans d’études à l’École des arts décoratifs de Strasbourg.

« Moi, j'ai toujours été intéressée par la frontière entre l'art et le design ou quelque chose d'appliqué. J'avais envie aussi surtout d'un savoir-faire précis et j'aime utiliser un savoir-faire très précis pour en faire une œuvre. »

Avec plus de quinze ans de carrière à la Manufacture de Sèvres, Camille Bé-Dreux s’inscrit dans la continuité de la sauvegarde du patrimoine. Elle annote le prototype en 3D pour compléter les archives papier.

« Nous écrivons toutes ces indications avant d'avoir vu le résultat cuit. Nous écrivons au fur et à mesure de la réalisation. Nous allons cuire ; et de ce premier résultat, nous allons faire une deuxième cuisson, mais après la cuisson définitive, nous pouvons avoir aussi des petites améliorations à apporter ou des petites remarques rajoutées au crayon parce que la pièce n’a pas été recuite. Nous avons des classeurs avec des fiches techniques sur chaque projet. Mais nous aimons avoir la pièce en elle-même et ces indications. Pour rééditer une pièce, c'est bien d'avoir sous les yeux l'objet en lui-même. Les œuvres doivent perdurer. Ici, nous pouvons refaire une œuvre qui peut avoir 30 ans, 40 ans et parfois 100 ans. »

« Nous n’avons pas toujours toutes les consignes ou tous les détails techniques écrits. C’'est bien d'avoir le prototype, et si possible avec les annotations cuites, comme cela nous avons une belle archive tangible alors qu’une archive papier peut être plus fragile. »

À la Manufacture de Sèvres, l’atelier d’impression décompose le décor au niveau des couleurs, du dessin et des motifs. « Nous allons faire un dessin par couleur. Les couleurs réagissent selon les températures, les atmosphères, les métaux précieux. Cela change la manière de travailler son dessin. Il va falloir décomposer ce motif à la fois dans la gestion des couleurs et également dans la mise à plat. Parce que nous, nous imprimons un motif à plat alors que nous allons habiller une forme en volume. Cela ressemble un petit peu à la couture. »

« C'est un premier travail de recherche où selon chaque forme que nous devons décorer, nous la décomposons avec un patron qui va être adapté aussi au décor. Son interprétation en imprimant parce qu’il s’agit d’une technique plus contemporaine, donc à la fois moins connue et avec les qualités de ne pas avoir le poids de la tradition. Nous avons cette liberté d’explorer, d’expérimenter et d'être au plus proche de ce que l'artiste veut faire ressentir à travers son œuvre. »

Selon Camille Bé-Dreux, la Manufacture de Sèvres donne du sens aux pièces produites : « Nous sommes à la frontière des chemins entre une œuvre qui est là pour exister en tant qu'œuvre ou un service de table qui a une fonction utilitaire. Nous sommes sur des objets dont le temps de réalisation est important, donc forcément ça a un coût. Mais j'aime beaucoup cette notion de temps et d'âme que peuvent porter ces objets-là. Eux aussi vont rester dans le temps et vont aussi pouvoir se transmettre de génération en génération. Ce ne sont pas des objets du quotidien, ce sont des objets qui ont une fonction utilitaire et même des fonctions diplomatiques, puisque ce sont aussi des cadeaux protocolaires que chaque président va offrir. Dans les ambassades, ils ont des services de Sèvres. Nous véhiculons à l'international une image des savoir-faire français ».

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Plonger dans la magie de l’émail avec Manuel Cordel à la Manufacture de Sèvres

5m · Published 06 Aug 04:40

Aujourd’hui, Manuel Cordel, technicien d’art émailleur. Dans l’émaillage, il y a deux métiers : l’émaillage par trempage et insufflation, et la retouche. Par trempage, l’objet est immergé rapidement dans le bain d’émail. L’immersion est suivie d’un mouvement rotatif du poignet. Les traces éventuellement laissées par les doigts pourront être reprises par la retouche. Il est important de tenir fermement la pièce et d’adapter son geste à celle-ci, comme au XVIIIe siècle.

Nous allons chercher la perfection, le petit détail. Nous sommes un peu des maniaques.

Manuel Cordel, technicien d’art émailleur : « Il faut éviter d'être dans les opposés, c'est tout. Il n'y a pas de secret. Il faut dix ans, par exemple dans le milieu des compagnons, pour faire un très bon ouvrier ou technicien. C'est la même chose dans tous les corps de métier, dont la Manufacture ».

Manuel Cordel est né à Auxerre, en Bourgogne, dans une famille de publicistes. Il se destinait donc à travailler avec eux et pour cela, il a fait des études d’art afin d’apprendre à trouver sa touche de pinceau ou de crayon. Pendant sa formation d’art, Manuel Cordel a beaucoup aimé la céramique. Il tente donc le concours de la Manufacture de Sèvres et le réussit. Après un quart de siècle de présence à l’atelier de l’émaillage, Manuel Cordel est parfaitement dans son élément.

« Nous avons 250 ans d'histoire. Cela fait 26 ans que je suis là, je n'ai pas pu, encore, travailler sur toutes les pièces parce qu'il y a des pièces de réédition et les goûts des différents moments. Ce que j'aime beaucoup, c'est travailler avec certains artistes contemporains plus ou moins connus et dont certains extrêmement connus. C'est la force de la manufacture. C'est des artistes incroyables. Nous sommes leurs assistants techniques. »

« Au bout d'un moment, avec certains artistes, il y a quasiment une amitié qui se fonde. J'ai une amie qui est venu ici faire trois résidences, Marlène Mocquet, et nous sommes devenus amis à force de travailler ensemble. Nous pouvons donner une idée de certains artistes avec qui nous aimerions travailler. Mais la prise de décision ne nous appartient absolument pas. Elle peut être ministérielle ou au niveau de la direction. »

L’émaillage peut se faire par trempage ou par insufflation c’est-à-dire à l’aide d’un pistolet à air comprimé. Dès qu’un objet doit être émaillé, il y a une analyse pour savoir comment procéder. « Le métier facile ne m'intéresse pas. C'est pour cela que l'émaillage m'a beaucoup intéressé. Il y a toujours une réflexion, une recherche. Si c'est le trempage, nous allons faire des tests sur différentes façons de tremper la pièce dans un sens ou dans un autre. »

« Nous recherchons le moins de retouches, plus il y a de retouches, plus nous avons de possibilités d'avoir des imperfections. Au vu de la largeur et la longueur du bain d’émail, le vase le plus grand que nous allons tremper va faire entre 70 et 75 centimètres. Après, si on a une pièce plus grande, cela nous arrive des vases d’1,20 mètre, la technique de l'insufflation nous a beaucoup apporté. Aujourd'hui, avec des cannes mises au bout du pistolet, nous pouvons aller en profondeur. C'est beaucoup plus simple et moins dangereux au niveau des muscles, mais le nappage sera moins joli. C'est pour cela que nous sommes toujours en train de nous poser des questions. »

Pour assurer la pérennité du savoir-faire de la Manufacture de Sèvres et selon Manuel Cordel, il doit y avoir la transmission du geste ainsi qu’une aisance naturelle. « Nous avons des documents photographiques et vidéos, mais rien de tel que la pratique. Cela ne remplacera jamais le petit détail qui ne se voit pas forcément dans la vidéo. »

« Par exemple pour le trempage, il y a une prise au niveau des mains mais qui ne se voit pas forcément. Nous, c'est habituel, c'est instinctif. Il y a quelque chose d’inexpliqué. Moi, ce qui me surprend toujours, par exemple, c'est quand je vais tremper le couvercle d'une théière, il va m'échapper dans le bain parce que nous devons le tourner, le lâcher, le remettre à plat. Le bain d’émail est opaque, nous ne pouvons pas voir la pièce trempée. Et pourtant, je la retrouve toujours. Elle flotte dans le bain d’émail. Nous sommes dans l'instinct et l'automatisme, cela devient naturel, comme un prolongement de soi. »

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Noël Vincent Ronsard, le destin d'un céramiste à la Manufacture de Sèvres

4m · Published 30 Jul 04:26

Nous poursuivons notre série dédiée aux artisans d’art de la Manufacture de Sèvres. Nous nous intéressons aujourd’hui à Noël Vincent Ronsard, garnisseur découpeur.

Le métier de Noël Vincent Ronsard a deux aspects : rajouter des garnitures comme des becs, des anses ou encore des boutons de préhension sur des pièces façonnées par le tournage ; ces éléments sont ajustés et collés sur les pièces reçues. De l’autre côté, c’est tout ce qui touche à l’ajourage, c'est-à-dire le découpage de la porcelaine. On imprime des motifs à l’aide d’un moule pour ajourer avec des outils très affutés et fait maison. Le but étant d’arriver à finir tous les motifs sans casser la pièce. Noël Vincent Ronsard crée du lien avec la porcelaine pour relever cet enjeu artistique. 

Je communique avec la porcelaine, je la manipule comme un bébé, en en prenant soin. Je respecte la matière et j’attends quelque chose de la pièce, de moi-même bien sûr, mais il faut aussi que cette pièce se donne. C'est cela qui m'a fait réussir jusqu'à présent sans casser. Je touche du bois. Je suis impressionné, à chaque fois, de réussir. Il faut aimer ce que nous faisons. Il faut savoir communiquer. Il faut créer un lien.

Noël Vincent Ronsard est né en Inde à Pondichéry. De nationalité française, il quitte l’Inde à 18 ans pour faire son service militaire en France. À 19 ans et à la recherche d’un emploi, il postule pour la Manufacture de Sèvres pour un remplacement de trois mois à l’atelier de polissage. Après un passage au polissage, ensuite au Moulin, puis à l’atelier du grand coulage, où l’on façonne des objets avec de la porcelaine liquide, il passe le concours pour intégrer la Manufacture.

Plus de 35 ans après, Noël Vincent Ronsard aime toujours dialoguer avec la porcelaine et il est devenu un vrai céramiste : « Je crois beaucoup au destin. Je me suis dit ce travail, c'est fait pour toi, si tu es là, ce n'est pas pour rien. Je crois beaucoup en ce système où tout est programmé, réglé, prédéfini. Donc je me suis dit : "c'est ton destin, c'est une bonne chose pour toi. Apprends et prends profit, surmonte les difficultés". C'est cela qui m'a encouragé à avancer puis m'intéresser. Ensuite, je me suis beaucoup initiée à l'histoire de l'art, c'est un grand pas que j'ai fait grâce au concours d’entrée. Maintenant, je pourrais avoir la grosse tête parce que je travaille dans une institution merveilleuse mais je reste toujours le même, comme en 1987. Cela fait plus de 35 ans, mais j'ai toujours des choses à apprendre. »

À la Manufacture de Sèvres, Noël Vincent Ronsard, garnisseur découpeur, rajoute des anses, becs ou boutons de préhension après l’étude de la pièce. « Il y a des dessins techniques qui sont à votre disposition, qui permettent de mieux comprendre les pièces et de les étudier au mieux. Pour réaliser une commande de tasses ou de cafetières par exemple, nous anticipons car l'anse ou le bec que nous allons coller sur ces pièces vont être collées de travers pour qu’elles soient droites. Si nous avons trente tasses à réaliser, nous allons prélever une tasse, tracer une ligne droite marquée avec un outil, une fois cuite à sa plus haute température. Nous allons retracer encore une vie ligne à partir des points de départ. Le premier tracé va s'incliner en fonction de la cuisson et cela sera mesuré avec un compas. Ce degré de décalage nous permet de reporter une troisième ligne et c'est sur cette troisième ligne que nous allons coller l'anse ou le bec. Cela sera collé de travers et pendant la cuisson les particules de la pièce vont tourner et l'anse aussi va se remettre à sa position droite. »

Travailler sur une pâte crue et donc friable est une gageure, Noël Vincent Ronsard est fier d’avancer jusqu’au dernier motif de l’ajourage, c'est-à-dire le découpage de la porcelaine, sans casser la pièce : « La joie du travail bien fait, c'est très passionnant parce que cela demande de la minutie. C’est un travail très méticuleux. C'est ce côté-là de la concentration que j'apprécie beaucoup, surtout quand vous commencez. Le but, c'est d'arriver jusqu'au dernier. C'est ce défi qui me donne envie de travailler. Cela peut s'arrêter, je ne veux pas que ça s'arrête, donc, je suis très tenace. Il faut que j'y arrive. »

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Franck Touchais, un poète de la céramique à la Manufacture de Sèvres

4m · Published 23 Jul 04:29

Nous poursuivons notre série d’été dédiée aux artisans d’art de la Manufacture de Sèvres. Aujourd’hui, rencontre avec un technicien d’art céramiste à l’atelier petit coulage, une technique de façonnage. Ici, on ne travaille pas avec de la porcelaine modelable, mais avec une porcelaine liquide appelée barbotine. Pour Franck Touchais, dans cet atelier, il y a à la fois la diversité du métier et la continuité d’un savoir-faire acquis et transmis depuis le XVIIIe siècle.

Le lien à la création est intime, c'est très personnel. Dans un domaine artistique, tout est lié, donc forcément, il y a de la poésie aussi qui se cache dans une pièce céramique. Tout est lié. Il y a des gens qui ont parlé des pièces céramiques, qui ont fait des poèmes sur la céramique. J’'écris un peu des poèmes.

Franck Touchais est originaire du sud de la France. Amoureux de la nature, il se destinait à des études agricoles. Malheureusement, il échoue. Mais passionné par le dessin, il se retrouve aux beaux-arts d’Avignon pendant deux ans. Puis il est appelé pour son service militaire. À la fin de celui-ci, il prépare le concours à l’école de Sèvres et le réussit. Cet apprentissage lui fait aimer la porcelaine, la Manufacture de Sèvres, le travail en atelier et prendre conscience de l’importance du lien entre chaque atelier. « Quand nous arrivons, nous sommes au sein d'un atelier. Nous passons par des étapes, nous faisons des séries de pièces. Nous allons commencer par des pots à lait, ensuite les pièces deviennent de plus en plus compliquées et nous les réalisons à l'aide de quelqu'un. »

« Pour apprendre un métier, il faut le faire en atelier. Il faut quand même avoir des cours de dessin, de modelage et des cours d'histoire de l'art, ce qui est très important pour notre métier. C'est un métier d'art et il faut aussi avoir des connaissances générales. Ce n'est pas seulement la main qui compte, c'est aussi un travail par rapport à une culture des métiers d'art. »

Patience, concentration, apprendre à être calme pour un travail de précision. Ces qualités sont nécessaires à l’exercice et à l’attrait du travail en atelier. « Je pense que la façon dont nous travaillons à la Manufacture est assez unique. Ici, nous sommes très solidaires, très liés les uns aux autres, comme une chaîne. De ce fait, nous avons une façon de travailler qui est quand même très, très particulière. Nous sommes à la fois responsables et à la fois, nous avons besoin des autres et c'est cela qui est plaisant. Nous faisons toujours au mieux. Nous sommes dans un esprit dynamique, tout le temps, tout le temps, nous suivons le rythme. »

Réédition ou création contemporaine, selon Franck Touchais, l’une ne va pas sans l’autre. « Les deux sont intéressantes parce que pour une réédition, nous retournons en arrière, nous repartons dans des techniques peut être oubliées, des choses que nous allons ressortir. Nous savons qu'il y a une curiosité. Et ce qui est nouveau aussi, cela apporte, peut être des fois, de nouvelles façons de travailler, donc cela va de pair. Nous continuons à faire les deux, c'est très bien. Il faut de la réédition, il faut du contemporain et il faut des pièces que nous réalisons en série aussi régulièrement. C'est très important de faire les trois. La série, c'est important parce que cela permet d'avoir un geste qui est automatique. Il ne faut pas le perdre non plus. »

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Camille Koch, l’appel de la céramique et l’art de faire du beau

4m · Published 16 Jul 04:31

La série de cet été de 100% création est dédiée aux artisans d’art de la Manufacture de Sèvres. Rencontre aujourd’hui avec Camille Koch, responsable de l’atelier du moulage-réparage depuis quatre ans. Cet atelier reproduit les sculptures de la Manufacture à l’aide d’un original en plâtre et d’une ronde de moules. Le réparage consiste, lui, à reprendre les différents détails de la sculpture pour les retoucher ou les sculpter à main levée.

Ce métier d’humilité recherche l’excellence. Les artisans d’art du moulage-réparage se mettent au service de la pièce et vont jusqu’au bout de leur savoir-faire pour que celle-ci soit parfaite.

Nous laissons une trace sur une pièce, une part de nous et après elle fait sa vie. Les pièces restent après nous.

Camille Koch, responsable de l’atelier du moulage-réparage à la Manufacture de Sèvres, est née en banlieue parisienne. Elle n’est pas issue d’un milieu artistique mais elle a toujours voulu faire du beau. « C'était la seule chose qui m'est venue à l'esprit. Quand il m'a été demandé : "Qu'est-ce que tu veux faire ?", j'ai dit : "Je souhaiterais faire du beau". Après, cela pouvait être tout et n'importe quoi. Je pense que c'est plutôt la céramique qui m'a accueilli plus que moi qui ait forcé les portes. Finalement, cela s'est fait et je suis arrivée ici. »

Elle découvre la céramique comme médium d’expression. « Nous pouvons exprimer énormément de choses sans utiliser la parole. J'ai trouvé cela très intéressant, déjà petite. Après, il a fallu un long processus pour arriver à aujourd’hui. »

Camille Koch étudie l’art appliqué et passe un BTS arts céramique. Très intéressée par l’objet qui apporte une émotion, elle réalise son stage de BTS à la Manufacture de Sèvres. Sa sensibilité particulière lui permet d’intégrer l’école de Sèvres où elle suit une formation pendant trois ans. Elle passe le concours de la fonction publique et devient mouleur-répareur.

« À l’atelier du moulage-réparage, ce n'est pas trois ans de formation, c'est dix ans de formation. Dix ans pour estimer que notre sensibilité, que l'intelligence de la main soit complète. Dans mon atelier, il faut à peu près dix ans. C'est la répétition du geste et puis la compréhension de la matière. Au départ, nous modelons de la porcelaine, nous suivons des indications pour modeler d'une certaine manière, mais nous ne la comprenons pas. Nous ne faisons que répéter des gestes que des anciens nous disent. Mais nous n’avons pas encore cette compréhension de la matière. »

« C'est à force de faire que nous nous rendons compte de la réaction de la matière. Nous commençons à la comprendre un peu comme une personnalité. Au départ, quand nous rencontrons quelqu'un, nous allons avoir les prémices et à force de rencontrer la personne, nous allons voir des facettes différentes et bien connaître la personne. Finalement, la porcelaine, c'est un peu le même principe. Nous savons ce que nous pouvons et ne pouvons pas lui demander. »

La Manufacture de Sèvres assure une mission de transmission des savoir-faire de génération en génération. Selon Camille Koch, cela va au-delà de la transmission du geste.

« D'un point de vue officiel, il y a des choses qui ne changent pas. Il y a des gestes qui ne changent pas, que nous transmettons. Maintenant, la pâte change avec les années parce que ce ne sont jamais les mêmes gisements et la même recette, ce ne sont pas les mêmes outils, ce n'est pas la même cuisson. Donc parfois, quand je parle avec mes anciens sur la transmission du savoir parce que je continue à me nourrir finalement de leur expérience, nous nous sommes posé la question : "Est ce que vraiment la transmission de savoir-faire se fait au vu de tous les facteurs qui avaient été modifiés au fil des années ?" Néanmoins, je pense que l'état d'esprit reste inchangé. Cela ne bouge pas. Cette idée d'arriver sur une pièce exceptionnelle. »

« Je dis souvent à mon apprenti quand une personne arrive et qu’elle fait "waouh", cela suffit, cela veut dire que ta pièce est bonne. Il y a cette volonté d'arriver sur la pièce la plus belle possible et cela a perduré entre l'ancienne génération et la nouvelle. C'est quelque chose de presque sacré, la transmission de savoir-faire, elle fait vraiment partie de nos métiers. Nous avons quatre pôles importants : la diffusion de notre savoir-faire auprès des publics, la création auprès d'artistes contemporains, la préservation de nos métiers d'une manière générale et enfin la transmission de savoir-faire. »

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Elsa Favier, tourneuse en creux et faiseuse de porcelaine à Sèvres

4m · Published 09 Jul 05:39

La série sur les métiers de la Manufacture de Sèvres est dédiée à ses techniciens d’art et ses ateliers historiques. Une trentaine de métiers d’art sont repartis en ateliers, afin d’apprivoiser la porcelaine, une matière qui a de la mémoire. Aujourd’hui, rencontre avec Elsa Favier, tourneuse en creux. Le tournage est la technique de mise en forme d’un objet à partir d’une boule de pâte sur un tour de potier. Elle permet d’obtenir rapidement des formes faites à la main, beaucoup plus régulières et légères.

La création, c'est très important. Cela permet de se stimuler, de stimuler plein de choses dans le cerveau. Mais ici, à Sèvres, nous ne prenons pas vraiment de part à la création parce que nous sommes des techniciens d'art, donc nous réalisons, nous ne créons pas. Mais il y a un petit peu de création, quand nous réfléchissons à la manière de procéder pour arriver à faire une pièce. Comment arriver à trouver une logique, une méthode de  travail pour arriver à finaliser un dessin ?

Elsa Favier, technicienne d’art et tourneuse en creux à la Manufacture de Sèvres.

« Une manufacture où nous réalisons tout à la main. C'est rare et c'est un patrimoine. J'essaie de faire perdurer ce patrimoine. Nous n'avons pas les mêmes techniques, le même temps aussi, peut-être qu'avant ils travaillaient plus dans une journée. Avant, c'était un métier uniquement réservé aux hommes. Aujourd'hui, moi je suis la deuxième femme tourneuse, donc cela change. Les temps de pause, c'est aussi des moments où nous pouvons souffler, prendre du recul sur sa pièce pour la voir d'une autre manière. »

Elsa Favier a suivi une formation d’architecte et exercé pendant six ans en cabinet d’architecture avant son arrivée à la Manufacture de Sèvres. Elle faisait déjà du tournage pour ses loisirs, mais elle a découvert l’exigence de la Manufacture lors de sa reconversion professionnelle à 29 ans. Pendant deux ans, elle a suivi une formation en alternance au terme de laquelle elle a passé le brevet des métiers d’art (BMA), option céramique, puis le concours de technicien d’art, la clé d’accès pour une carrière à la Manufacture de Sèvres et le travail sur des pièces exceptionnelles.

« Je n'aurais jamais envisagé de quitter mon métier pour une formation de moins d'excellence. Moi, je cherchais vraiment l'excellence, le détail, la perfection au millimètre près. La matière, c'est très important pour moi mais la réalisation, comment arriver à comprendre, comment construire un objet finalement ? Parce que nous partons d'un dessin pour arriver à monter une forme, une pièce. Donc il y a une idée de construction. »

La porcelaine a la réputation d’être une matière très capricieuse mais aussi douce. La manipuler avec précaution et prudence est nécessaire à chaque étape.

« Comme la porcelaine est une matière très capricieuse à mémoire de forme, nous travaillons la pièce avec une paroi très épaisse et ensuite la deuxième phase, c'est le tournassage, où nous venons creuser dans la masse tous les détails de la pièce, les courbes et les contre courbes de l'épaisseur. C'est à ce moment-là que nous arrivons au dessin exact que nous avons devant les yeux. »

« À la dernière étape, nous prenons un compas d'épaisseur pour venir pointer l'épaisseur sur une pièce et la reporter sur le dessin et voir si c’est à l'identique. Il faut que cela soit identique au millimètre près. À la fin, quand nous avons terminé notre travail sur la planche, il y a une série de pièces, le nombre demandé, de 10 à 60 qui ont toutes la même taille, les mêmes diamètres, etc. mais faites à la main. Nous passons quand même un moment avec la pièce qui peut être plus ou moins long et plus ou moins difficile. Nous donnons de notre personne pour arriver à cette pièce et qu’elle naisse. »

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Thierry Brunet et la souplesse du Moulin de la Manufacture de Sèvres

6m · Published 02 Jul 05:18

Cet été, nous posons nos micros à Sèvres, près de Paris et plus précisément à la Manufacture de Sèvres et ses ateliers historiques. Une immersion dans l'univers créatif de la porcelaine grâce aux techniciens d’art. 100% création vous propose de découvrir, les métiers de la chimie comme le Moulin, ceux de la fabrication : tournage ou encore moulage, reparage, ainsi que les métiers de la décoration : peinture, filage ou brunissage.

Les techniciens d’art de la Manufacture de Sèvres créent la matière et la transforment à l’aide d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Aujourd’hui, Thierry Brunet nous reçoit au Moulin, avec en fond sonore le bruit de la marcheuse, la machine qui pétrit la pâte pour la rendre homogène. Ici, on veille à l’approvisionnement et au stockage des matières. Ensuite, on concasse, broie et mélange savamment du feldspath, quartz et kaolin, en ajoutant de l’eau, pour fabriquer les pâtes de porcelaine.

Cette maison a quelque chose de particulier. C'est un univers qui m'a convenu, et puis j'ai trouvé une certaine liberté.

Né à Versailles, Thierry Brunet arrive à la Manufacture de Sèvres par hasard. Il répond à une annonce pour un remplacement de trois mois, enchaine les contrats, puis passe le concours pour être technicien d’art. Cela fait 30 ans qu’il exerce à la Manufacture de Sèvres. Il a deux certificats d’aptitude professionnel (CAP) : l’un de photographe, l’autre de sellier maroquinier. Il a également été monteur en optique lunetterie. Ses expériences professionnelles précédentes lui permettent, selon lui, de mieux s’adapter aux défis techniques auxquels doit faire face son atelier.

« Nous savons, que nous avons plus de 250 ans d'histoire et qu’il faut que cela se poursuive. Je pense que nous n’avons pas le choix, il faut aller de l'avant, il faut continuer à modifier des choses. Nous avons déjà évolué et il n'y a pas le choix, il faut continuer à évoluer. C'est comme cela. Les industriels ne nous livrent plus les mêmes matières. Nous avons été prévenus récemment que les matières que nous aurions à partir de maintenant seront de moins bonne qualité.

Si nous avons des kaolins moins plastiques (modelables) et moins blancs, eh bien cela sera vraiment compliqué. C'est toujours difficile, mais il n'y a pas le choix. Oui, il faut sortir de la zone de confort. Ce n’est pas quelque chose d’habituel mais il faut trouver. Nous cherchons puis nous trouvons des techniques et puis nous finissons par arriver à quelque chose mais cela prend du temps. Il faut faire des essais, cela ne se fait pas en 30 secondes, cela nous prend beaucoup de temps. »

Au Moulin, on stocke, broie et malaxe le kaolin, quartz et feldspath pour fabriquer quatre pâtes qui ont été mises au point au cours des trois siècles d’existence de la Manufacture. Un savoir-faire conservé à Sèvres qui est l’une des toutes dernières manufactures d’Europe à fabriquer ses pâtes.

« Je maintiens mon stock avec mes quatre types de pâte plus les variantes. Nous reprenons la recette. Il n'y a qu'un seul moment où nous allons changer la recette, c’est à la réception d’un kaolin différent. Donc il va falloir rééquilibrer la formule pour obtenir la même chose. Nous faisons ce qu'on appelle une perte au feu, c'est-à-dire que nous allons prendre un échantillon. Le labo va le peser, nous prenons 100 grammes, cela suffit. Nous le passons à l'étuve, nous calculons la perte d’eau pour refaire la formule en fonction de cela. Pour faire la pâte, je rajoute l’eau avec précision.

La Manufacture est un peu un colosse aux pieds d'argile. Quand un kaolin vient à manquer, quand une matière n'est plus là. Il faut trouver une solution. Ce n’est pas toujours simple, nous allons essayer de nous rapprocher au plus près de ce que nous avions avant, mais nous ne pouvons pas le garantir parce que ce n'est pas la même matière. Avec le temps, les matières évoluent ou disparaissent. Il faut faire avec, il n'y a pas le choix ! »

Thierry Brunet et l’atelier du Moulin, grâce à la production de ces quatre pâtes de nature et de composition très diverses, offrent la possibilité à la Manufacture de déployer un large éventail d’expressions stylistiques, y compris avec des artistes contemporains.

« Certains artistes, notamment Valérie Delarue quand elle a eu son projet de chambre d'argile, elle m'a expliqué son projet, il y avait ce qu'il fallait au moulin, elle a, donc, travaillé dans l'atelier, pour faire sa performance. Après, d'autres artistes connaissent l'atelier, ils viennent. Je suis interactif avec eux, je reste ouvert. Si je peux répondre à la demande, je réponds. Si malheureusement, je n'ai pas les moyens, je le dis aussi. Il m’est arrivé de mélanger des pâtes pour Clémence van Lunen, à sa demande, nous l’avons fait. Nous avons fait des pâtes colorées pour les projets Andea Branzi, etc. Enfin, en fonction de la demande, je mettrai les moyens que j'ai à ma disposition pour essayer de répondre à ce qu'on va me demander. »

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Marc Dugast, le coiffeur morpho-psychologue qui écoute le cheveu

4m · Published 25 Jun 03:37

Ce dimanche 25 juin, coiffure et coupe parfaite avec Marc Dugast. La coupe idéale, selon Marc Dugast coiffeur et morpho-psychologue, est celle qui harmonise la beauté intérieure et extérieure. Une coiffure accordée à sa personnalité. Une étude morphologique du visage associée aux souhaits et à la personnalité de chacune ou chacun permet de créer une coiffure équilibrée entre l’être et le paraitre.

Marc Dugast fondateur du concept de morpho-coiffure est l’auteur de l’ouvrage « La beauté à l'image de soi », un livre qui retrace son expérience professionnelle de 50 ans et sa passion pourle cheveu qui est la base de son expression artistique.

La création est quotidienne. Nous allons créer à chaque fois, à partir de cette matière, de ces cheveux, une vraie création dans le sens où nous composons avec la personne. Nous sommes dans le vivant, ce n’est pas juste une gravure de mode dans le sens où on l'entend, une coupe de cheveux, ce n'est pas que cela, c'est autre chose. Nous allons allier cette coiffure, et ce que nous allons créer par rapport à la personne. Et quand nous réussissons cette harmonie entre les deux, la lumière, naturellement, jaillit.

Marc Dugast, coiffeur et morpho-psychologue conseil en image de soi

« Nous avons un métier qui est formidable. La morphopsychologie m'a permis de le mettre en valeur, de l'éveiller.»

Marc Dugast est né dans un petit village près d’Angers, ville de l’ouest de la France. Il a poursuivi sa scolarité jusqu’à 15 ans, mais l’école n’est pas un milieu qui lui plaît. Il se retrouve dans la coiffure par hasard, et travaille comme apprenti pour un coiffeur Champion de France. Il passe son CAP de coiffeur et obtient son brevet. Finalement, il réalise son rêve : bien couper les cheveux. Pendant qu’il veut faire carrière dans la coiffure, son chemin de vie croise le fils du fondateur de la morphopsychologie et Marc Dugast décide de suivre des études dans cette discipline. Après avoir obtenu son diplôme, il créé un nouveau concept : la morpho-coiffure. PourMarc Dugast, le cheveu, symbole universel de beauté, est aussi l’expression de la personnalité. La relation que nous avons avec nos cheveux est une question très personnelle. La coiffure n’est pas seulement esthétique, elle rehausse la confiance en soi à travers l’acceptation de sa propre personne.

« Quand une femme ne va pas bien, son premier réflexe est pour 74 % d'entre elles d'aller chez le coiffeur. Cela a été une grande question pour moi. Pourquoi une femme décide d'aller chez son coiffeur quand elle ne va pas bien ? Mais, à force de chercher et de chercher, j'ai compris que cela venait tout simplement des cheveux. Nous avons une responsabilité dans ce domaine vis-à-vis de l'image de soi, de la cliente, de son état d'être pur. Et, là, c'est bien sûr l’état d'être, pas que le paraître. Néanmoins, c'est son paraître qui va faire si elle va être bien avec elle-même ou pas. Et nous avons une responsabilité dans cette recherche. Il faut faire très attention à ne pas prendre cela à la légère, d’exercer notre métier avec amour et professionnalisme. »

« C'est toujours quand nous sommes bien dans notre peau, dans nos baskets, quand tout va bien, que nous rayonnons toute la journée et quelques fois, nous ne faisons rien. Ce n'est pas un habit de quoi que ce soit ou une coiffure quelle qu'elle soit qui va faire que nous rayonnons. Nous rayonnons parce que nous avons passé une belle nuit, parce que tout va bien. En fait, c'est juste que nous nous sentons bien. Nous nous sentons bien pour différentes raisons, les cheveux en font partie. »

Selon Marc Dugast, les cheveux détiennent nos secrets même les plus inconscients, ils ont des choses à nous dire et un rendez-vous chez le coiffeur n’est jamais banal.

« Quand je parle de l'image de soi, ce n’est pas rien. Je veux dire c'est fort, donc je ne peux pas dire un mot comme celui-là par hasard. Un matin, vous vous levez et vous ne savez pas pourquoi, mais il faut y aller ! Vous voulez vous faire coiffer aujourd'hui ? Pourquoi ? Pourquoi les cheveux, ils n’ont pas poussé en un jour ? Ils ne sont pas devenus comme cela d’un coup. Effectivement, il y a autre chose qui va faire que nous avons cette pulsion naturelle. Il faut y aller parce que nous avons besoin de nous retrouver tout simplement avec nous-même. »

« Les cheveux, c'est la dernière partie du corps, ils sont directement reliés aux énergies cosmiques, alors que les pieds qui sont aussi importants dans l'ancrage, ils sont reliés aux énergies telluriques. Quand les deux n'arrivent plus à être sur le même fil conducteur, que nous dérivons de notre route en quelque sorte, nous le sentons, nous le ressentons. Aller chez le coiffeur, c'est un peu se réaligner en fait, soit avec son ancrage, soit avec un côté un peu plus spirituel. »

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100 % création has 119 episodes in total of non- explicit content. Total playtime is 9:36:33. The language of the podcast is French. This podcast has been added on August 24th 2022. It might contain more episodes than the ones shown here. It was last updated on June 9th, 2024 09:42.

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